Pour une UQAM laïque

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Sarah B.
Visiteur

#26 Re: Re: M. Dupuis-Déri

2013-12-19 23:55

#25: Francis Dupuis-Déri - Re: M. Dupuis-Déri

On est tous sujet à dérobade je présume :-)

Étudiante pour l'indépendance universitaire

#27 L'indépendance universitaire, vraiment ?

2013-12-20 16:39

Dans un contexte où le gouvernement impose des valeurs par une charte officielle qui interdit les signes religieux, je ne comprends pas que les signataires de la pétition ci-présente soient convaincus d'être en train d'assurer l'INDÉPENDANCE de l'université vis-à-vis des pouvoirs ÉTATIQUES en interdisant les signes RELIGIEUX.

En effet, l'université est un lieu de savoir, de vie de l'esprit, et ne devrait pas suivre la route de l'exclusion imposée par le gouvernement au nom de l'INDÉPENDANCE universitaire. Une vraie indépendance universitaire devrait poser cette institution comme un lieu de liberté de penser et d'exercice de cette libre-pensée. Actuellement, les signataires de la pétition se font l'agent du gouvernement en voulant exclure des personnes qui souhaiteraient porter le voile. L'attitude actuelle du gouvernement est elle-même patriarcale et oppressive et va à l'encontre des principes de l'émancipation collective. Les signataires de la présente pétition entrent donc dans ce jeu de la domination patriarcale proposée par le gouvernement péquiste au nom du "féminisme". Je crois que plusieurs événements, dont les initiations qui ont lieu chaque année dans des conditions dégradantes pour les femmes, sont des enjeux beaucoup plus cruciaux pour assurer l'égalité des genres que ne peut l'être l'INTERDICTION DU PORT DU VOILE, au sein de l'université.

On ne peut sortir la présente pétition de son contexte, ce contexte en est un d'exclusion, que l'on plaide vouloir seulement ne faire disparaitre un foulard ne signifie rien quant à la violence de l'oppression étatique qui a actuellement cours. Les féministes égalitaristes du Québec sont entrain d'agir de la manière qu'elle dénonce. Imposer un choix à un groupe social dans le cadre d'un rapport de domination. Elle dénonce le foulard pour le symbole de domination des hommes sur les femmes qu'il représente. Que penser de la domination des femmes féministes blanches sur les femmes musulmanes, qui par ailleurs mène leur combat d'émancipation au sein de leur communauté. Imposer un voile, imposer le retrait d'un voile, quelle liberté ?


En Turquie, l'université d'Istanbul a été le premier lieu à proclamer l'interdiction du port du voile à un moment. Cela représentait la création d'un espace de liberté dans un État où le port du voile en public était OBLIGATOIRE pour les femmes. Puis, avec le temps, le voile a pu revenir à l'université, au bon gré des étudiantes qui le portent, tout comme elles pouvaient ne pas le porter. Ce que le gouvernement du Québec et les tenants de la pétition ci-présente font, c'est réellement s'engager dans un mouvement d'exclusion, alors que les femmes musulmanes sont actuellement ostracisées dans la société québécoise par une volonté d'invisibilisation de leur liberté de culte. L'université devrait se porter garante de la préservation des véritables libertés en ce faisant lieu "d'accueil" et de respect envers ces femmes.

Le fait qu'une ou des fonctionnaires portent un voile ne soumet pas TOUTE l'institution à la foi de cette ou de ces personnes. Les membres d'un milieu universitaire, professeures de surcroit, devraient avoir suffisamment de discernement pour distinguer la Révolution tranquille et la séparation nécessaire de l'instruction publique et de l'Église d'une fermeture xénophobe à l'autre. Vous devriez pouvoir distinguer un enjeu d'orientation de la pratique institutionnelle en fonction d'une foi religieuse, de la présence d'individus minoritaires qui occupent une fonction au sein de l'institution.

L'ouverture et la tolérance ne peuvent pas surgir de l'invisibilisation et de l'ignorance des différences, mais de leur présence et de leur rencontre.

Si une telle interdiction passe à l'UQAM, je crois qu'il faudra se poser de sérieuses questions quant à l'orientation que prend notre société. Quand les plus hauts lieux de la pensée qui devrait être libre deviennent enrégimentés et branchés directement sur les valeurs de l'État, c'est sans doute la preuve d'une idéologie "quasi totalitaire", plutôt qu'un signe de l'INDEPENDANCE universitaire. Je crois que les signataires font alors preuve de malhonnêteté intellectuelle et devrait voir leur poste d'enseignant remis en question.

Étudiante pour l'indépendance universitaire

#28 Signe invisible garant de neutralité ?

2013-12-20 16:55

J'ajouterai qu'il est fallacieux d'affirmer que parce qu'une personne affiche publiquement les couleur de sa foi religieuse, elle est moins apte à faire preuve de jugement qu'une personne qui ne porterait pas de signe mais serait un intégriste de sa foi.

L'absence de signe n'est pas une garantie de neutralité. C'est un sophisme de l'affirmer. Un enseignant comme monsieur Dupuis-Déri qui affirment clairement ses positions politique, est au sens wébérien beaucoup plus neutre dans son enseignement, qu'un enseignant qui cacherait ses position politique sous une apparence de vérité scientifique indiscutable. C'est la même chose dans le cas de la foi, affirmer sa foi permet aux autres de comprendre d'où l'on parle.

Est-ce que l'URSS était moins idéologique parce que la religion était évacué et que personne ne portait de signe religieux ? Je ne crois pas. Je crois qu'une personne qui porte une chaine avec un crucifix a autant de chances d'être biaisé idéologiquement qu'une personne qui porte un voile. Et puis, en matière de travail de bureau, je ne vois pas en quoi porter un voile change le travail de bureaucrate à faire ou la manière de la faire. Entendons-nous, la bureaucratie n'est pas le lieu où il y a la plus grande place laissé à l'arbitraire de l'employé, au contraire.

Des professeurs sophistes qui se cachent derrière la neutralité, voilà ce que les signataires de la pétition sont.
Sarah B.

#29 Re: Signe invisible garant de neutralité ?

2013-12-20 19:04

#28: Étudiante pour l'indépendance universitaire - Signe invisible garant de neutralité ?

Chère "Étudiante",

Il faudrait avoir peur si vous étiez au pouvoir! Contrairement à vous qui désirez "remettre en question les postes des enseignants qui signent cette pétition", donc exercer sur des gens qui ne pensent pas comme vous une pratique autoritaire, exclusive et punitive (le tout à un degré assez élevé : faire perdre son emploi à quelqu'un), le projet de Charte ne renvoie personne et n'affiche aucun désir de faire perdre leur emploi à des gens à partir du moment où certaines exigences sont remplies dans la fonction publique (dans le cas hypothétique où cette loi passerait, et après des moratoires d'au moins un an ou même de plusieurs années dans certains cas, tel qu'annoncé par le PQ). Vous pouvez déplorer et ne pas aimer ces exigences, mais dans les faits elles ne font que mettre des gens devant un choix lorsqu'ils sont dans la fonction publique, c'est-à-dire respecter ou non des règles communes auxquelles tous sans exception doivent se soumettre. Libre à eux d'accepter ou non par la suite de s'y plier, tout comme doivent s'y plier ceux qui aimeraient enseigner à poil. C'est donc faux de faire croire que le projet de Charte est un projet d'exclusion. À la limite c'est un projet qui dans certaines dispositions met certaines personnes en situation de s'exclure elles-mêmes, ce qui est tout à fait différent. Une nuance importante, mais qui ne vous permettrait peut-être pas d'exploiter la réalité au profit de vos intérêts idéologiques.

Vous avez raison de dire que la neutralité est relative et ne sera jamais un absolu, mais ce qui est sûr en revanche c'est que le port du voile islamique est tout sauf neutre et véhicule un sens qui n'est pas loin, lui, de l'absolu. Un voile qui est un symbole universel de la soumission de la femme, et pour lequel encore bien des femmes d'aujourd'hui subissent violences et condamnations à mort dans plusieurs endroits du monde. Une soumission contre laquelle s'élèvent beaucoup de femmes et d'hommes de culture musulmane, nés au Moyen-Orient et appartenant eux aussi à la même minorité que vous prétendez défendre. Les femmes québécoises issues de l'immigration, nées dans une culture musulmane (et même musulmanes pratiquantes) et qui sont pour la Charte, sont-elles moins dignes à vos yeux que celles qui portent le voile?

Par ailleurs, nul n'a dit ici qu'une personne munie d'un voile est "moins apte à faire preuve de jugement" (non plus que Dupuis-Déri, qui a un droit légitime à ses opinions, comme tous les enseignants), c'est vous qui extrapolez dans ce sens. Peut-être que ce fantasme vous arrange pour le rôle que vous désirez jouer dans cette description caricaturale de la réalité, sauf qu'il s'agit là d'un mensonge pur et simple. Ce mensonge que vous exploitez consiste à faire croire que la Charte et ceux qui la soutiennent désirent faire perdre leur emploi à des Musulmans et leur dénier leur compétence à enseigner ou autre. Rien de plus faux, et vous auriez bien du mal à démontrer cela noir sur blanc. Aucune disposition de ce projet ne s'en prend à la compétence des gens en fonction de leur religion. Il exige simplement un code vestimentaire qui est une exigence pour TOUS, afin d'assurer une bonne entente et pour ne pas heurter - dans la seule sphère de la fonction publique - la sensibilité de gens qui n'adhèrent pas à certaines religions (la religion musulmane mais aussi catholique, juive, et bien d'autres).

Pour vous le port du voile est peut-être un signe extraordinaire de liberté (et vous avez le droit à cette opinion), mais pouvez sûrement comprendre que pour bien des gens cela est le signe d'une soumission et d'une violence qu'ils ne veulent pas rencontrer lorsqu'ils ont à faire avec la fonction publique relevant de l'État. Eux aussi ont des droits, et il arrive bien souvent dans une société que les droits d'une minorité n'aient pas le dessus sur les droits d'une majorité. C'est incontournable pour une vie en collectivité. On est donc bien loin de la tyrannie infligée aux religions par les régimes communistes du passé (du passé puisque la Russie actuelle est plutôt main dans la main avec l'Église, comme en fait foi le sort infligé aux Pussy Riots). Je vous rappelle aussi que même si la Charte était adoptée au Québec, les femmes musulmanes auraient le droit d'être voilées en quasi toutes circonstances, chez elles, dans l'ensemble de l'espace public et dans l'ensemble des emplois. Seule la fonction publique, qui représente un pourcentage mineur des emplois au Québec, imposerait un dépouillement de signes religieux ostensibles. Libre alors aux croyants de toutes religions d'accepter ou non de mettre de côté leurs signes religieux pendant les heures de bureau. On peut être contre mais tout cela est très raisonnable, et bien loin du totalitarisme et de l'intolérance que vous fantasmez et instrumentalisez, peut-être (et tant qu'à moi sûrement) pour masquer votre propre désir de domination, d'exclusion et d'autorité revancharde.


Visiteur

#30

2013-12-20 20:29

Je contribue à la fondation depuis plus de 20 ans et je m"attends à une prise de position de leur part en faveur de la laïcité. Il en va de ma contribution annuelle à la fondation
On doit rejet à tout prix tout recul de la condition féminine dans notre société.
Francis Dupuis-Déri

#31 On avance, on avance, on ne recule pas !

2013-12-20 23:38

#30: -

C'est vrai qu'en interdisant à certaines catégories de femmes de travailler dans la fonction publique, en améliore de beaucoup de «condition féminine dans notre société».

Et puisque les femmes qui portent un voile religieux ont en ce moment le droit d'être embauchées à l'UQAM (quelle horreur, non?), vous devriez tout de suite cesser de contribuer à la Fondation-UQAM, en attendant que la loi leur interdisant des emplois soit votée (et que des mesures disciplinaires — comme le prévoit la loi — soient prises contre celles qui y travaillent déjà : combien, en fait? Quelqu'un le sait? — personne, apparemment...) : voilà qui fera avancer la «condition féminine dans notre société.»

En Afghanistan, une femme afghane a cette réflexion, à propos des puissances occidentales qui se sont imposées dans le pays en 2001 : «Tout ce que j’entends depuis la chute des taliban, c’est voile, voile, voile. Mon problème n’est pas le voile; mon problème c’est que je n’ai pas de nourriture pour me nourrir et nourrir mes enfants.» [source : Elaheh Rostami-Povey, Afghan Women : Identity and Invasion, Londres-New York, Zed Books, 2007, p. 37.]

Enfin, ce qui est chouette aussi avec cette loi, c'est que les Autochtones qui portent des signes évoquant leurs valeurs spirituelles ne pourront pas non plus occuper un emploi dans la fonction publique, et à l'UQAM : voilà qui fera très certainement et très rapidement avancer la «condition autochtone dans notre société».

Comme on scandait pendant le «Printemps érable» en 2012, avant que le PQ ne fabrique un débat au profit de ses préoccupations identitaires (et électorales, sans doute) : «On avance, on avance, on ne recule pas!»

 

 

 

Sarah B.

#32 Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

2013-12-21 05:38

#31: Francis Dupuis-Déri - On avance, on avance, on ne recule pas !

Monsieur Dupuis-Déri, petite question : refuser de mettre de côté un voile pendant des heures de bureau relèverait-il aussi d'une "préoccupation identitaire", ou cela ne vaut-il que pour les visées électoralistes du PQ?

Comme pour le reste, ne répondez surtout pas, vos inconséquences pourraient bien se révéler encore davantage.

Face à des arguments et à des faits il vaut mieux qu'on recule, qu'on recule, et qu'on n'avance pas trop! Encore mieux, il suffit de se dérober puis simplement laisser une jeune étudiante à la pensée confuse (et accessoirement encore incapable d'écrire une phrase sans faire de faute) prendre le relais. Étudiante qui semble avoir bien assimilé les demi-vérités retorses de professeurs soucieux de soumettre de jeunes esprits à l'influence de leur idéologie alambiquée. Chère "Étudiante" : vous devriez fuir les charlatans qui vous bourrent le crâne, vous enferment et vous empêchent de penser clairement et librement.

Les Autochtones? Vous ne craignez pas les contradictions! Pourtant, pour reprendre votre citation de Rostami-Povey, le problème principal à vos yeux n'est-il pas qu'ils soient simplement "nourris", au-delà des "signes évoquant leurs valeurs spirituelles"? C'est bien ce que vous indiquez, n'est-ce pas M. Dupuis, en instrumentant (c'est-à-dire en prenant appui sur elle tout en vous cachant derrière, afin de justifier vos idées, selon vos habitudes) cette citation? C'est bien ce que vous dites : le voile n'a aucune importance, aucune portée symbolique, aucune incidence sur la dignité des femmes et n'est prétexte à aucune violence physique envers les femmes, qui doivent simplement avoir l'estomac rempli pour être heureuses? Êtes-vous sûr d'être bien documenté et d'avoir réfléchi en profondeur à la question?

Vous aurez beau vous référer constamment à toutes les victimes du monde et de l'Histoire, afin de les exploiter pour servir l'image de probité que vous désirez projeter autour de vous, vous n'arriverez jamais à faire croire que vous en êtes le porte-parole légitime et exclusif. Vous êtes beaucoup plus crédible dans le rôle de l'idiot utile du néo-libéralisme et porteur d'eau de son programme consumériste. Et encore plus crédible aux côtés de vos principaux alliés anti-Charte que sont Stephen Harper, Justin Trudeau, Denis Coderre, Philippe Couillard et Jean Charest (votre adversaire en 2012, mais votre allié idéologique en 2013...). Curiosité : avec vos complices du modèle multiculturel, vous êtes-vous demandé si ce modèle avait enrayé le taux exceptionnel de meurtres, de violences, d'aliénation culturelle et d'extrême pauvreté dans les ghettos Noirs et Latino aux États-Unis, principal terreau de ce même modèle auquel vous adhérez? Avez-vous aussi étudié ses bienfaits par les temps qui courent en Angleterre et même au Canada en terme de racisme et de communautarisme, d'"exclusion"?

Allons, Monsieur Dupuis-Déri, laissez les Autochtones et les femmes voilées tranquilles, ils ne vous ont rien demandé. Ils ne semblent vous intéresser pour rien d'autre que pour vous sentir moins seul dans les tâtonnements embrouillés de votre pensée juvénile. Or tout n'est pas bon pour justifier le rôle de petit policier en manque d'autorité, faisant ses rondes pour rabrouer à bon droit et à coups de vertus matraquées ceux qui lui déplaisent. Manipuler certains jeunes pour les entraîner dans des simplifications éhontées en prétendant détenir seul la vérité, on comprend qu'un tel programme satisfasse votre amour-propre. Mais si vous vouliez être honnête, vous leur enseigneriez plutôt les caractéristiques de personnages comme Tartuffe.

Francis Dupuis-Déri

#33 Re: Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

2013-12-21 09:40

#32: Sarah B. - Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

Ah! bon.... Vous en savez, des choses sur moi....... Je vais en parler à Freud, au brunch demain matin. Je crois que je vais prendre des oeufs brouillés et un extra fêves au lard.

Quand à «l'étudiante», je ne la connais pas (à ce que je sache) pas plus qu'aucune Sarah B.

 

Sarah B.

#34 Re: Re: Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

2013-12-21 13:26

#33: Francis Dupuis-Déri - Re: Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

Oui, vite, dérobez-vous encore face aux arguments de fond, on vous comprend :-) Si psychanalyse il y a (et si peu), c'est celle de votre discours, et en réponse à la psychologie de carnaval que vous pratiquez sur les autres en leur prodiguant des diagnostics sur leur niveau de "peur" et de "haine", ou encore sur l'"horreur" qu'ils ressentiraient en eux d'après votre expertise en psycho-pop (diplômé Cracker Jack?). Ce n'est pas Freud, mais plutôt une sorte de mélange entre Doc Mailloux et Paolo Coelho que vous devriez fréquenter. Le tout en bon Doc Ès Sermonneur qui moucharde du doigt et dresse les listes noires ;-)

Et je ne vous connais ni d'Ève ni d'Adam, votre discours est simplement un cliché sur pattes, qui vient disperser ses lubies puis s'enfuit immédiatement quand des arguments et des faits viennent le contredire (attention, à force de vous cacher sous le lit vous allez finir par avaler de la poussière...).

Par-contre, c'est amusant de vous voir affirmer que vous ne connaissez pas une "Étudiante" qui s'est présentée sous pseudo, "à ce que je sache de ce que je sais" :-) Euh...

Donc on vous comprend aussi d'aller vous embrouiller dans vos oeufs, et surtout n'oubliez pas le Jell-O quand vous aurez fini!

Francis Dupuis-Déri

#35 J'essaie encore...

2013-12-21 16:23

#34: Sarah B. - Re: Re: Re: On avance, on avance, on ne recule pas !

Si ce n'est pas de «l'inquiétude (ou la peur ? ou la méfiance ? ou la haine ?)» (comme je l'ai laissé entendre) qui est resentie envers «ces 'femmes voilées'» du côté de celles et ceux qui appuient un projet de loi qui stipule qu'il faut leur interdire les emplois dans la fonctions publiques (et à l'UQAM), mais plutôt le désir de les émanciper (c'est bien cela ?) parce que vous savez que le voile représente de l'indignité et de la violence symbolique et physique (c'est bien cela?), alors je ne comprends toujours pas comment vous les aidez en leur interdisant un emploi (ou en exigeant qu'elles l'enlèvent si elles veulent y travailler) ?

Il me semble qu'il faudrait plutôt sévir contre ceux qui les violentent, non ?

Et si, hypothèse plausible, ces femmes ne veulent pas enlever leur voile pour obtenir un emploi à l'UQAM, en quoi cette loi les aide à lutter contre l'indignité et la violence symbolique et physique dont le voile est le symptôme ?

Il me semble qu'il faudrait plutôt sévir contre ceux qui les violentent, non ?

Et enfin, comme je l'ai mentionné plus tôt, rassurez vous : il semble qu'il y a plusieurs dizaines de collègues à l'UQAM (signataires de cette pétition) qui ne veulent tout simplement pas (pour de bonnes ou mauvaises raisons, à vous de voir) de femmes voilées comme collègues. On peut donc en déduire que ces personnes qui appuient le projet de Charte n'ont pas voté (si la situation s'est produite dans leur département) ni ne voteraient pour une candidate à un poste qui porterait un voile religieux. Cela réduit donc d'autant, loi ou pas, la probabilité qu'il y ait des femmes portant un voile religieux à l'UQAM.

D'ailleurs, l'UQAM compte combien de femmes professeures qui portent un voile religieux : on ne m'a jamais donné la réponse. Et est-ce que la Loi obligera à ne pas en embaucher à la cafétérariat de l'UQAM, dans les secrétariats, à la bibliothèque et comme concierges (entre autres) des femmes qui désirent porter le voile ? Est-ce cela auss par solidarité avec ces femmes ?

Quant aux quelques collègues Juifs qui portent le kippa, j'ai comme l'impression (mais ce n'est qu'une impression) qu'ils ne vont pas accepter de l'enlever suite à l'adoption de la Loi. Je pense au professeur d'histoire à l'Université de Montréal Yakov Rabkin (un antisioniste radical et pour des raisons entre autres religieuses, si j'ai bien compris ses positions), et à mon collègue Julien Bauer (un sioniste entêté, si j'ai bien compris ses positions), en science politique à l'UQAM. Julien est, à ma connaissance, le seul collègue de l'UQAM a porter un signe ostentatoire religieux, mais peut-être qu'il y en a d'autres — j'attends d'ailleurs cette information avec intérêt. Je serai aussi bien curieux de savoir combien d'étudiants et d'étudiantes ces deux professeurs sont parvenus à convertir au judaïsme depuis qu'ils enseignent. Enfin, s'ils refusent d'abandonner la kippa pour venir travailler (ce qui est plausible), ils devraient donc être mis à pied après une année de vaines mesures disciplinaires (si j'ai bien lu le projet de loi). Outre les principes fondamentaux et les autres enjeux liés à cette proposition de Charte, j'ai vraiment hâte de lire dans les journaux : «L'UQAM renvoie un professeur juif.» Cela sera du plus bel effet ! Mais vous me direz avec raison qu'il s'agit là d'un détail et j'ai d'ailleurs un grand respect pour celles et ceux qui ont le courage de leurs convictions et ne se laissent pas démonter par le risque d'une mauvaise couverture médiatique, qui serait sans doute motivée par la mauvaise foi. Parce qu'après tout, si ces deux collègues qui enseignent depuis des dizaines d'années à l'Université refusent maintenant de se débarasser de leur kippa au travail, ils seraient bien les seuls et uniques responsables de leur mise à pied, n'est-ce pas ?

Quant aux Autochtones, je les instrumentalise peut-être (contrairement à vous, si j'ai bien compris), mais vous n'en dites pas grand chose : la loi pourtant interdira l'embauche de toute personne affichant des signes religieux ostentatoires et les Autochtones ont aussi leurs signes religieux/spirituels (en plus, éventuellement, d'autres signes associés aux religions des puissances colonisatrices qui ont imposé leurs croyances religieuses aux Premières nations). Donc, vous êtes favorable à ce que les Autochtones qui refusent de s'en défaire pour travailler n'aient pas d'emploi ni dans la fonction publique, ni à l'UQAM. C'est bien cela, non ? Personne ne m'a encore répondu à ce sujet.

 

 

Sarah B.

#36 Re: J'essaie encore...

2013-12-22 00:49

#35: Francis Dupuis-Déri - J'essaie encore...

Voilà il me semble quelques questions légitimes, qui sont parmi celles dans lesquelles il vaut le plus la peine de mettre la main à la pâte, liées à des applications concrètes. Celles-ci doivent être pensées intelligemment, au cas par cas, au-delà des désaccords politiques et dans le respect des personnes même s'il est impossible de satisfaire tout le monde. Par exemple, la possibilité d'une exemption pour des gens déjà en place dans certaines fonctions n'a-t-elle pas déjà été évoquée? Voilà le genre de négociations qui pourraient utiles pour favoriser et adoucir certaines transitions dans le cas hypothétique d'une application du projet de loi (qui reste amplement à négocier dans ses termes précis, raison de plus pour s'y atteler sans dogmatisme). Néanmoins, l'idéal serait que l'on cesse de démoniser un projet de laïcité plus stricte (à commencer par la classe intellectuelle), vis-à-vis duquel on peut avoir des désaccords sans franchir le point Godwin. Ce projet de laïcité peut être contesté et faire l'objet de critiques ou de réserves dans ses applications, mais c'est un projet politique légitime qui n'a pas de leçons à recevoir du multiculturalisme sur les terrains de la tolérance, du vivre-ensemble, etc.

Concernant les Autochtones, c'est une question profonde et complexe qu'on ne peut résoudre ici. Mais disons pour aller vite que la question de l'accès à l'emploi et autres conditions sociales pour eux remonte à bien longtemps, et que la question (encore une fois hypothétique dans son application) des signes spirituels est d'abord loin d'être une obsession pour l'ensemble des autochtones en plus de venir bien loin derrière d'autres problématiques sociales, économiques et politiques beaucoup plus capitales (et qui ne remontent pas au projet de Charte!). Une "situation" qu'une Charte - à priori - ne résoudrait pas plus qu'elle n'aggraverait. Par ailleurs, comment peut-on déjà présumer que l'ensemble des Autochtones (et autres cultures) seraient incapables de mettre de côté leurs signes religieux ou spirituels dans des emplois de la fonction publique? Rien ne l'indique et je ne crois pas que ce soit l'essentiel, à eux en tout cas de le dire et de l'assumer. Si en revanche on prend en otage les individus en les limitant d'emblée à la communauté culturelle dont ils sont issus, si on ne fait que des incantations pour proclamer que leur identité profonde est inséparable de signes extérieurs matériels, on les enferme plus qu'autre chose. Et on les amène à se sentir exclus d'un projet collectif qui ne demande que leur apport et qui en tout cas ne le rejette absolument pas.

Dans tous les cas, si vous désirez vous mobiliser politiquement ou intellectuellement pour les Autochtones, rien ne vous en empêche et rien ne vous en empêcherait dans un modèle laïc, bien au contraire. Mais ce n'est pas en conspuant la laïcité par la négative que l'on fait quoi que ce soit de tangible, pas plus qu'on ne sert l'avenir en se contentant de faire d'éternelles litanies sur les méfaits du colonialisme historique, dont on peut et doit faire la critique mais qui ne sera jamais l'outil principal pour construire un projet collectif. Son instrumentalisation excessive relève plutôt d'une forme dissimulée d'abdication politique.

Le modèle multicuturel, vous le savez, n'a rien réglé fondamentalement pour la condition des Autochtones. Mais dans son rejet viscéral (et à mon avis suspect) du modèle laïc, il ne cesse de présenter celui-ci sous un angle restrictif, discriminatoire, comme si le sien était une digue véritablement efficace contre les inégalités. Ce n'est pas vrai. Dans le contexte néo-libéral consumériste mondialisé auquel les nations sont aujourd'hui assujetties (et par lequel elles sont dépouillées de leurs projets politiques), rien n'est plus faux. Ce projet multiculturaliste est le meilleur ami des banques et du consumérisme, et il n'a aucun soucis d'équité sociale. Sa fonction première est la suivante : entretenir et maintenir une structure sociale consumériste d'indifférence pacifiée. Ça finit là. Le modèle laïc n'est garant de rien non plus, mais il ouvre au moins la porte à d'autres possibilités du vivre-ensemble qu'une superposition de droits individuels mis en concurrence ; il est parfois présomptueux mais il permet d'envisager une autre transcendance (la littérature par exemple) que la consommation et qu'une vision purement légaliste et gestionnaire des sociétés, il révèle certaines tensions mais il crée aussi du dialogue social, il irrite parfois les particularismes mais il offre aussi la possibilité d'une réflexion collective. Surtout, même s'il n'est absolument pas un empêchement aux injustices, il peut être néanmoins un outil pour contredire le déterminisme culturel, religieux, communautaire, social, dont on écrase ou avec lequel on enchaîne bien des gens. À nous ensuite de produire autre chose...

Quant à la question du voile et des moyens qui pourraient être pris ou mieux appréhendés pour les femmes, je ne dis pas que vous avez complètement tort, mais fondamentalement j'ai un autre point de vue. Je pense qu'il est du rôle de l'État d'envoyer un message symbolique clair que la religion et le prosélytisme religieux lui sont extérieurs. Car derrière la question des signes religieux ostensibles, c'est bien le problème du prosélytisme ou à tout le moins d'une "influence symbolique" du religieux si innocente soit-elle en apparence (et non pas la mise en doute de la compétence de ceux qui les portent, comme on le présume abusivement). Et on parle bien d'un prosélytisme ou d'une influence du signe lui-même, et non pas de l'individu qui l'arbore. Une position claire de l'État à ce sujet est réclamée par beaucoup de Musulmanes ou de femmes issues de la culture musulmane, car cela peut avoir une portée importante dans leur communautés. À tout le moins ça empêche certains extrémistes de se sentir trop à l'aise à exploiter certaines failles ou abuser de certaines largesses systémiques (et ces extrémistes, très minoritaires mais aussi très pro-actfs, existent). Rappelons aussi qu'on parle toujours de fonction publique, donc un champ symboliquement important, certes, mais restreint dans les faits. La liberté de culte, de conscience et de pratique religieuse reste garantie dans l'ensemble des espaces privés ET publics. Surtout, au final, ça n'empêche absolument pas de renforcer d'autres mesures d'aide et de protection pour des femmes qui désireraient s'extirper des structures religieuses dans lesquelles elles ont grandi ou dans lesquelles elles se sentent enfermées, et dont elles aimeraient s'extirper ou s'émanciper.

Francis Dupuis-Déri

#37 Je reste confus

2013-12-22 01:47

#36: Sarah B. - Re: J'essaie encore...

Je ne suis pas certain de comprendre vos réponses à mes questions.

Votre discussion sur le multiculturalisme «dans le contexte néo-libéral consumériste mondialisé auquel les nations sont aujourd'hui assujetties (et par lequel elles sont dépouillées de leurs projets politiques)» et votre affirmation que «le multiculturaliste est le meilleur ami des banques et du consumérisme, et il n'a aucun soucis d'équité sociale» me laisse perplexe : c'est peut-être tout à fait vrai vrai, ou pas du tout, mais je croyais qu'on parlait d'emplois à l'UQAM et dans la fonction publique (et non dans les banques privées)... Et la laïcité me semble tout à fait compatible avec le «néolibéralisme consumériste» et bien d'utres modèles politiques. Enfin, ce n'est pas là ma préoccupation par rapport à cette pétition et je n'ai pas vraiment l'énergie pour débattre de tout cela ici.

Mais pour revenir à mes trois questions, si j'ai bien compris et je résume vos positions/réponses, donc :

1) Pas d'emplois à l'UQAM pour des femmes musulmanes portant un voile, pour envoyer un message aux «extrimistes» (ce qui, je dois l'avouer, me semble une stratégie politique bien curieuse, puisque les «femmes voilées» sont à la fois identifiées comme des victimes des extrémistes et des personnes à exclure d'emplois pour faire pression sur les extrémistes.... Mais bon, sans doute que je ne comprends pas grand chose au moyen de faire plier les extrémistes et que priver «leurs» femmes [qui auront décrochées par elles mêmes un doctorat, puisqu'il s'agit de postes à l'Université] d'emplois dans la fonction publique va les pousser à la modération, et aider ces mêmes femmes Ph.D. mais interdites d'enseigner dans les universités au Québec... Ce sera un processus tout à fait intéressant à regarder.) ;

2) Pour les Autochtones, je n'ai pas du tout compris votre réponse à ma question que je pensais relativement simple, à savoir s'il faut selon vous les exclure d'emplois de la  fonction publique s'ils/elles refusent de se départir de signes religieux/spirituels. Vous m'expliquez beaucoup de choses au sujet des Autochtones, de leur rapport à la spiritualité, du fait que vous pensez qu'ils/elles ne s'attachent pas tellement aux signes religieux/spirituels, à l'histoire, au colonialisme, à un «projet collectif», mais vous ne répondez pas à la question.

3) Quant à la mise à pied de professeurs Juifs qui enseignent déjà depuis des années, pour avoir lu le projet de loi, je ne crois pas qu'il y a des aménagements possibles pour ces personnes déjà employées, si non une année de négociations et mesures disciplinaires (que le gouvernement demandera aux directions d'établissement d'appliquer), puis après un an, mise à pied si refus de se départir de signes religieux. Donc, les deux collègues juifs mentionnés dans mon commentaire précédent (qui, comme je le pense, refuseraient de se départir de leur kippa) seraient mis à pied : c'est bien ce que vous souhaitez aussi, non, que ces deux professeurs Juifs soient renvoyés de l'Université de Montréal et de l'UQAM s'ils refusent d'y travailler sans kippa (je n'ai pas bien compris votre point de vue à ce sujet) ?

 

 


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#38

2013-12-22 01:51

Je suis pour la laicité point a la ligne ...:)
Sarah B.

#39 Re: Je reste confus

2013-12-22 02:16

#37: Francis Dupuis-Déri - Je reste confus

J'estime que tout est parfaitement clair dans ma réponse précédente. Si ça ne vous paraît pas intelligible, et si vous ne voyez pas de lien avec les emplois à l'UQAM, je ne pense pas que des explications supplémentaires vous suffiront. C'est dit sans mépris.

Comme le visiteur précédent, je ne peux que résumer : je suis pour la laïcité et voilà. Comprenne qui voudra.

Francis Dupuis-Déri

#40 Re: Re: Je reste confus

2013-12-22 04:11


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#41 Re: Offres d'emploi à l'UQAM (après l'adoption de la loi sur la laïcité)

2014-01-06 14:01

NutZ

#42 Novlangue et manque d'honnêteté intellectuelle.

2014-01-10 21:21

Appeler cette pétition, «pétition pour une UQAM laïque» plutôt que de lui donner un nom comme «pétition pour l'application de la charte à l'UQAM», c'est un manque d'honnêteté intellectuelle.

Moi je suis pour la laïcité et contre la charte et c'est une position tout à fait défendable. Comme vous le savez surement, il y a différentes conceptions politiques de la laïcité. Celle contenue dans la charte ne va pas de soi. Que le gouvernement et certains médias reproduisent l'amalgame «Pour la laïcité=nécessairement pour la charte», il n'y a rien de surprenant là-dedans mais venant de la part de mes professeurs d'université, je me serais attendu à un peu plus d'honnêteté intellectuelle.

C'est inquiétant de voir des personnes qui font carrière dans les débats intellectuels argumenter comme si les pros-chartes avaient le monopole de la laïcité. Ça frise la novlangue. C'est la même logique qui a poussé Lucien Bouchard et cie à nommer leur manifeste de 2005 «Manifeste pour un Québec lucide» plutôt que de l'appeler «Manifeste pour un virage à droite au Québec»...On utilise des termes auxquels à peu près personne ne s'oppose (laïcité, lucidité...) pour définir des projets politiques qui suscitent au contraire une vive opposition...

Francis Dupuis-Déri
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#43 Des chiffres, enfin

2014-01-11 16:11

#25: Francis Dupuis-Déri - Re: M. Dupuis-Déri

 

Dans «Le Devoir» de ce matin, samedi 11 janvier, on apprend que 6,8% des 62 000 membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) porte des signes religieux. De cela, 93,5% porte... une croix chrétienne.

Du côté des éducatrices qui oeuvrent dans les 750 centres de la petite enfance (CPE), il y a 1% de femmes portant le voile musulman (on ne dit pas combien d'éducatrices portent la croix chrétienne).

Je saisi mieux l'ampleur du problème maintenant : heureusement que le Parti québécois a lancé ce projet de loi et qu'une commission parlementaire permettra de recevoir environ 250 mémoires et d'entendre des représentations sur le sujet pendant 3 mois, encourageant du même coup l'ensemble de la société à ne débattre que d'une chose pendant des mois : les musulmanes voilées !

Ce qui est encore mieux, c'est que le calendrier parlementaire fera en sorte que la loi ne saurait pas être adoptée pour les prochaines élections, prévues environ en avril : le PQ nous promet donc des élections sur un sujet fondamental pour notre société : les femmes musulmanes voilées ! On va enfin règler ce problème une fois pour toute (ou, à tout le moins, les exclure de la fonction publique, pour ne plus les voir). On pourra bien attendre les prochaines élections, dans 4 ans, pour débattre de broutilles, comme les redevances minières, l'exploitation du pétrole en sol québécois, l'assurance sociale, l'environnement, l'accessibilité à l'université, de répression policière et, pourquoi pas, l'écart économique entre les sexes (puisque l'égalité entre les sexes semble si importante...).

 


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#44

2014-01-14 17:48

La religion à pas sa place dans des leix d'éducation. c'est même très tordu et déplacé.