Pour une UQAM laïque

Étudiante pour l'indépendance universitaire

/ #27 L'indépendance universitaire, vraiment ?

2013-12-20 16:39

Dans un contexte où le gouvernement impose des valeurs par une charte officielle qui interdit les signes religieux, je ne comprends pas que les signataires de la pétition ci-présente soient convaincus d'être en train d'assurer l'INDÉPENDANCE de l'université vis-à-vis des pouvoirs ÉTATIQUES en interdisant les signes RELIGIEUX.

En effet, l'université est un lieu de savoir, de vie de l'esprit, et ne devrait pas suivre la route de l'exclusion imposée par le gouvernement au nom de l'INDÉPENDANCE universitaire. Une vraie indépendance universitaire devrait poser cette institution comme un lieu de liberté de penser et d'exercice de cette libre-pensée. Actuellement, les signataires de la pétition se font l'agent du gouvernement en voulant exclure des personnes qui souhaiteraient porter le voile. L'attitude actuelle du gouvernement est elle-même patriarcale et oppressive et va à l'encontre des principes de l'émancipation collective. Les signataires de la présente pétition entrent donc dans ce jeu de la domination patriarcale proposée par le gouvernement péquiste au nom du "féminisme". Je crois que plusieurs événements, dont les initiations qui ont lieu chaque année dans des conditions dégradantes pour les femmes, sont des enjeux beaucoup plus cruciaux pour assurer l'égalité des genres que ne peut l'être l'INTERDICTION DU PORT DU VOILE, au sein de l'université.

On ne peut sortir la présente pétition de son contexte, ce contexte en est un d'exclusion, que l'on plaide vouloir seulement ne faire disparaitre un foulard ne signifie rien quant à la violence de l'oppression étatique qui a actuellement cours. Les féministes égalitaristes du Québec sont entrain d'agir de la manière qu'elle dénonce. Imposer un choix à un groupe social dans le cadre d'un rapport de domination. Elle dénonce le foulard pour le symbole de domination des hommes sur les femmes qu'il représente. Que penser de la domination des femmes féministes blanches sur les femmes musulmanes, qui par ailleurs mène leur combat d'émancipation au sein de leur communauté. Imposer un voile, imposer le retrait d'un voile, quelle liberté ?


En Turquie, l'université d'Istanbul a été le premier lieu à proclamer l'interdiction du port du voile à un moment. Cela représentait la création d'un espace de liberté dans un État où le port du voile en public était OBLIGATOIRE pour les femmes. Puis, avec le temps, le voile a pu revenir à l'université, au bon gré des étudiantes qui le portent, tout comme elles pouvaient ne pas le porter. Ce que le gouvernement du Québec et les tenants de la pétition ci-présente font, c'est réellement s'engager dans un mouvement d'exclusion, alors que les femmes musulmanes sont actuellement ostracisées dans la société québécoise par une volonté d'invisibilisation de leur liberté de culte. L'université devrait se porter garante de la préservation des véritables libertés en ce faisant lieu "d'accueil" et de respect envers ces femmes.

Le fait qu'une ou des fonctionnaires portent un voile ne soumet pas TOUTE l'institution à la foi de cette ou de ces personnes. Les membres d'un milieu universitaire, professeures de surcroit, devraient avoir suffisamment de discernement pour distinguer la Révolution tranquille et la séparation nécessaire de l'instruction publique et de l'Église d'une fermeture xénophobe à l'autre. Vous devriez pouvoir distinguer un enjeu d'orientation de la pratique institutionnelle en fonction d'une foi religieuse, de la présence d'individus minoritaires qui occupent une fonction au sein de l'institution.

L'ouverture et la tolérance ne peuvent pas surgir de l'invisibilisation et de l'ignorance des différences, mais de leur présence et de leur rencontre.

Si une telle interdiction passe à l'UQAM, je crois qu'il faudra se poser de sérieuses questions quant à l'orientation que prend notre société. Quand les plus hauts lieux de la pensée qui devrait être libre deviennent enrégimentés et branchés directement sur les valeurs de l'État, c'est sans doute la preuve d'une idéologie "quasi totalitaire", plutôt qu'un signe de l'INDEPENDANCE universitaire. Je crois que les signataires font alors preuve de malhonnêteté intellectuelle et devrait voir leur poste d'enseignant remis en question.