Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

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Ce sujet de conversation a été automatiquement créé pour la pétition Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc.

JF Brun

#26

2012-08-27 22:30

merci de ce commentaire très intéressant... en fait, il est difficile de refaire l'histoire, et nous voulons partir de notre réalité, qui est très spéciale: une des principales langues de culture et de civilisation, écartée depuis 800 ans de tout destin politique, et se trouvant dans cette situation de richesse surabondante à la fois en classiques écrits (1500 auteurs, eh oui), et de variétés populaires permettant de tout dire dans tout ce vaste ensemble géographique lui aussi si divers. Notre manifeste n'aborde pas les problèmes politiques, qui n'ont rien d'illégitime bien sur, mais veut surtout clarifier l'aspect de langue vive et de langue de culture, qu'il ne faut pas fossiliser sous forme disséquée dans ses différentes composantes comme certains en rêvent, et qu'il est également hasardeux de vouloir unifier trop péremptoirement. C'est un paradoxe vivant, mais une aventure passionnante, une culture vraiment singulière sur cette planète... et étrangement niée sur son propre sol!!!

Visiteur

#27 Re:

2012-08-28 00:08

#1: Pellet jean-Marc -

Je crois  cette position infantile ultraminoritaire: le pire serait de croire que l'espace occitan est une nation, comme la Catalogne. L'affirmation de l'unité de la langue n'est en rien une proclamation nationaliste, du moins pour moi

Henri Boyer

 

Maria Joana VERNY

#28 Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

2012-08-28 11:51

#25: DJ. M. - la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Cette vision me semble totalement contraire à la réalité linguistique du monde qui compte des milliers de langues et à peine quelques centaines d'états... Rempllacer un monolonguisme par un autre ne serait-il pas une autre réduction ? Si tant est que ce soit réaliste d'imaginer une "Occitanie"  indépendante... (I a pas d'(Occitania / la trobaretz pas enluòc... disait Joan Bodon)

Parmi de grands intellectuels que j'admire, combien de  polyglottes (Amin Maalouf, François Maspéro, Gilbert Dalgalian, Robert Lafont...) Le monolinguisme est un totalitarisme, un fléau. Le nationalisme vire très souvent au chauvinisme. Si, dans l'état espagnol il s'est auréolé de la lutte contre le totalitarisme franquisme, il s'agit du modèle espagnol. Arrêtons de vouloir copier des modèles qui sont liés à des histoires toutes différentes.

Notre bagarre principale : donner à toutes les langues - dont la langue d'oc - les moyens de vivre, d'exister. Apprenons aussi les langues des autres, au moins quelques mots. En cela la France est un laboratoire merveilleux avec des langues d'origines et de fonctionnement divers.

Et de grâce, cherchons des actions qui nous rassemblent et non pas celles qui divisent. Combien d'occitans sont attachés à la vie de leur langue, de façon plus ou moins active ? Des centaines de milliers ! Et bien d'autres que nous pourrons convaincre en créant partout des événements culturels qui montrent à ceux qui en ont encore honte, la beauté de leur langue. Combien d'indépendantistes ? Une poignée, qui n'ont jamais fourni que des ombres de programme politique et qui font fuir, par leurs mots d'ordres ultra minoritaires, toutes les personnes que nous devons convaincre de la richesse du plurilinguisme et de la dignité de notre langue.

Cette pétition, par ailleurs, n'a pas été conçue comme une tribune politicienne. Si les tenants de l'indépendantisme veulent en créer une, la procédure est simple. Ils pourront y constater l'impact de leurs mots d'ordre.

Mais qu'ils ne donnent pas, dans cette liste de discussion des armes à ceux qui essayent de casser l'unité de la langue au motif qu'occitaniste = anti-républicain.

J F Brun

#29

2012-08-28 14:28

Merci chère Marie-Jeanne...
Le sens de ce manifeste est très simple, il est apolitique bien que posant une question de société. Il y a moins de 5000 langues sur la terre, la plupart en train de disparaître, sur ce nombre moins de 200 s'écrivent, et l'occitan avec ses 1000 ans de littérature ne fait pas mauvaise figure au milieu, il suffit de rencontrer au PEN international des lettrés du monde entier pour voir en quelle considération sont tenus les troubadours et Mistral... le mépris ricanant dont notre culture fait l'objet est une exception française! Nous voulons sauver une des cultures reconnues du monde, prise en tenaille entre sa négation par la société française et des groupuscules qui travaillent avec hargne et acharnement à la démembrer en minuscules confettis promis à la disparition, deux menaces graves contre lesquelles nous demandons à tous de faire front avec nous par une prise de position massive!
DJ M.

#30 Re: Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

2012-08-28 20:35

#28: Maria Joana VERNY - Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Oui, la réalité du monde, ce sont des miliers de langues. La réalité du monde, ce sont quelques centaines d'Etats. Ce qui fait que d'ici quelques décennies, il n'y aura plus que quelques centaines de langues. Ce n'est pas moi qui le dit, je ne fais que rapporter ce qui est établi par l'UNESCO. En effet, selon l'UNESCO :

  • 50 % des langues sont en danger de disparition ;
  • une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines ;
  • si rien n'est fait, 90 % des langues vont probablement disparaître au cours de ce siècle

90 % ! D'après vous, quelles sont ces langues qui vont disparaître ? D'après moi, celles qui sont mises en concurrence avec une autre, parce-que, officialisées ou non, la langue d'Etat la plus employée au sein d'une nation prend à un moment ou à un autre le dessus sur le(s) autre(s).

Il y a de grands intellectuels polyglottes, que je respecte. Mais hélas, l'Humanité n'est pas composée exclusivement d'intellectuels polyglottes et ouverts d'esprit, ce serait trop simple, ça se saurait, et le monde s'en porterait certainement mieux.

Le monolinguisme est un fléau, un totalitarisme ? Dans un Etat multi-ethnique, c'est évident ! une ethnie impose son point de vue, sa langue, sa culture aux autres. Je suppose que comme alternative à l'indépendance pure et simple, vous suggérez d'encourager ce que j'appelle un multilinguisme harmonieux ? Et vous croyez être la première à avoir eu cette idée ? Ne croyez-vous pas que d'autres, et d'envergure, l'ont eu avant vous, Robert Lafont, Frédéric Mistral, Marcel-Félix Castan, pour n'en citer que quelques-uns ? Ils y ont consacrée leur vie et leur énergie... Pour quel résultat ? La langue Occitane n'a jamais cessée de régresser. Est-ce parce-que ils n'ont pas été à la hauteur ? Ou plus simplement est-ce parce-que le multilinguisme harmonieux n'est qu'une utopie, un rêve d'intellectuels polyglottes qui refusent d'admettre l'évidence, à savoir que seul le monolinguisme est viable à long terme. Pour la sauvegarde de la diversité linguistique, je pense que la seule alternative au multilinguisme au sein d'une même nation, c'est le fractionnement de ce monde en autant de nations qu'il y a de langues. Cela n'empêche en rien ceux qui en ont les capacités et les moyens d'apprendre s'ils le souhaitent d'autres langues que leur langue maternelle.

Ce n'est que mon opinion personnelle, je peux me tromper : donc, si vous êtes capable de me citer ne serait-ce qu'un seul exemple de multilinguisme harmonieux durable (citéz vos sources SVP), je veux bien réviser cet argumentaire. Jusqu'ici, les gens comme vous me citent le "merveilleux" exemple de l'Espagne. Ceux-là sont aujourd'hui à court d'argumentaire. 35 ans à peine après la mise en place du système fédéraliste en Espagne, force est de constater que plus que jamais, la relation entre la langue Castillane et la langue Catalane reste une relation conflictuelle, un rapport de force. Pas une relation harmonieuse. Vous évoquez Robert Lafont, que j'ai beaucoup lu moi aussi. Donc, vous vous souvenez certainement de l'exemple éloquent que citait Robert lafont au début des années 70 (il n'allait pas citer l'Espagne Franquiste, anti-Catalane et anti-Basque, évidemment !). Robert Lafont citait un bel exemple d'une nation fédérale pluri-ethnique respectueuse de ses minorités, cohérente et viable : L'URSS ! vous savez comme moi ce qu'il est advenu de l'URSS. L'Histoire nous montre que sur ce point, Robert Lafont s'est trompé. Maintenant, si vous, vous en connaissez un un bon exemple, citez-le moi !

Un dernier point : "occitaniste = anti-républicain"? Qu'est-ce que vous entendez par là ? Je ne vois pas en quoi mon argumentaire est "anti-républicain" ? sauf si "républicain = monolinguisme français", ce qui est un fléau, un totalitarisme (je ne fais que vous citer). Pour moi, "républicain", cela évoque des valeurs comme l'égalité entre tous les citoyens, le droit de vote etc... Quel rapport avec "l'occitanisme" ? ai-je dit quelque-part que j'étais contre le droit de vote ou en faveur d'un système de castes, pour un sytème inégalitaire ? Je ne me souviens pas avoir dit ça !

Les événements culturels rassemblent, c'est un fait... Mais ça reste quelque chose de ponctuel, et ce n'est pas pour ça que ceux qui y ont assisté se mettent à (ré-)apprendre la langue ! Ceux qui croient qu'en multipliant les événements culturels, ça va redynamiser la langue Occitane, ceux-là se mettent le doigt dans l'oeil (ou se donnent bonne conscience ?), du style "Au moins, j'ai essayé ! j'ai organisé un concert occitan dans mon village ! ça a plu ! maintenant, les gens vont se remettre à parler occitan au village ! si toutes les villes d'Occitanie font de même, tout le monde va se remettre à parler occitan !" non, sans déc', vous y croyez ? Moi pas. Ceci dit, ce n'est pas interdit de rêver. Mais en attendant, la langue crève...

Bona serada.

 

PS : Les gens ont honte de leur langue tout simplement parce-que ce n'est pas une langue officielle en France. Si l'occitan était langue officielle, ils n'en auraient pas honte. Au val d'Aran, les gens revendiquent leur occitanité ; ce sont ceux qui ne maîtrisent pas l'occitan qui sont complexés.

DJ. M.

#31 Re: Re:

2012-08-28 20:50

#27: - Re:

ultaminoritaire, je vous l'accorde. "position infantile" ? pas plus infantile que celle des naïfs qui croient pouvoir redynamiser la langue occitane simplement en multipliant les actions culturelles... Enfin, effectivement, contrairement à vous, pour moi, l'affirmation de l'unité de la langue est une proclamation nationaliste. En Occitanie comme en Catalogne. Libre à vous de penser le contraire.

DJ M.

#32 La position de Robert Lafont dans les années 1970

2012-08-28 22:09

#28: Maria Joana VERNY - Re: la langue occitane : pourquoi sa négation en tant que langue véritable ?

Quelques dernier détails : vous citez ce superbe texte de Joan Bodon "I a pas d'Occitania la trobaretz pas enluòc", un extrait de "Los òmis sens patria"... EN AVEZ-VOUS SAISIT LE SENS ? Dans ce texte, Joan Bodon exprime justement sa frustration, le fait que son pays ne soit pas une véritable nation, et donc que, en conséquence, sa langue ne soit qu'une "sous-langue", en fait, car non-officielle dans la nation Française. C'est ainsi que j'interprète cette chanson, je la comprend comme une métaphore indépendantiste de Joan Bodon.

Vous citez Robert Lafont... Avez-vous vraiment lu Robert Lafont ? Quand Robert Lafont condamne le monolinguisme, c'est au système Français qu'il pense. La situation en France est la suivante pour Robert Lafont : une nation colonisatrice (française) et une nation colonisée (occitane). Robert Lafont ne voyait que trois issues à cette situation : l'INDEPENDANCE (qu'il jugeait très improbable, vu le contexte), l'ASSIMILATION (qui est en bonne voie : les occitans gomment progressivement toutes leurs différences avec les français "du nord", d'abord la langue, puis l'accent etc.), ou l'AUTONOMIE, la solution la plus souhaitable selon Robert Lafont, qui citait volontiers comme exemple celui idéal de l'URSS (dans le même style, il aurait pu citer la Yougoslavie !). Robert Lafont aurait souhaité une évolution politique vers une France fédérale, avec une très large autonomie pour chaque région ethniquement différente, une région Bretagne, une région Basque, une Région Occitane, régions ayant comme compétence une libre politique linguistique ; un système fédéral façon URSS, mais pas forcément communiste, évidemment.

Rétrospéctivement, on sait aujourd'hui que le système Soviétique cachait à l'occident sa vraie nature dans l'ex-URSS, de même en ex-Yougoslavie. En fait de "fédéralisme", l'URSS pratiquait un impérialisme Russe agressif en son sein, même si officiellement elle s'en défendait. Quand à la Yougoslavie, on connait les ravages de l'impérialisme Serbe.

Si Robert Lafont était encore parmi nous aujourd'hui, il prendrait acte de l'échec des pseudo-sytèmes fédéralistes appliqués par les anciens régimes communistes Russe et Yougoslave. Donc, puisque l'autonomie semble déboucher sur une impasse, que reste-il des options proposées par Robert Lafont ? Il n'en reste que deux : l'indépendance ou l'assimilation.

D'après vous, aujourd'hui, avec le recul, que serait Robert Lafont ? Indépendantiste ou assimilationiste ?

J F Brun

#33

2012-08-28 22:11

Cet échange est très intéressant mais un peu glissant, dans cette pétition les écrivains, acteurs culturels et familiers de la culture d'Oc n'abordent pas ces possibles implications politiques, et demandent simplement le plus large soutien à la proclamation spécifique de l'unicité dans la diversité assumée comme une richesse. Merci encore pour votre soutien et pour ces argumentations passionnées, mais continuons à avancer dans l'objectif bien spécifique de faire reconnaître cette évidence que nous vivons intensément mais qui hélas est férocément attaquée par certains détracteurs très hostiles dont nous nous serions bien passés. Il nous faut une reconnaissance très large de cette unicité dans la diversité, de telle sorte que ce concept soit vraiment reçu comme une évidence absolue qui ne prête pas à la controverse.
DJ. M.

#34 Re:

2012-08-28 22:36

#33: J F Brun -

Autant pour moi, je ne souhaitait pas faire du tort à cette louable initiative ; l'important, c'est dans un premier temps de bien clarifier la situation :

 

-OUI la langue Occitane existe, c'est une langue à part entière, pas un ersatz du français (ou d'autre chose).

-OUI elle est fragmentée en dialectes, COMME TOUTES LES LANGUES DE CE MONDE en fait.

-NON, il n'existe pas DES "langues d'òc" : le béarnais ou le nissard ne sont pas des langues au sens strict du terme, mais simplement des formes dialectales de l'occitan.

Quand à ce que cela implique politiquement... Ce n'est certes pas le sujet ici. Chacun est libre d'en tirer une conclusion personnelle. Enfin, l'important est de faire connaitre à un maximum de gens dans le monde ces quelques évidences.

Bona serada.

effelle30

#35 Re: Re: à tout' aqueli qu'an escrit sus l'Oucitan

2012-08-28 23:44

#34: DJ. M. - Re:

Bon sèr.

Ai fa la chausido de parla lou provençau roudanen. Es pas pèr autant que parle pas en aquesti que parlon d'un biais differènt. Mai, subre-tout sabe quà l'age mejan lou territori que fara la France de vuei ero partaja en dous mita: La langue d'OIL et la lenga d'OC.

Adounc gardan aquest voucable qu'es mies acceta pèr li Franchimand (que souvènti fès mesclon Occitan e independentiste).

Gramaci au autour de la peticioun. Es coume aco que fau boulega e, de segur, parla la Lengo tre que poudan.

DJ M.

#36

2012-08-29 01:19

lenga d'òc, occitan... Entà jo, qu'ei çò de mèma... Se pensas que les Franchimands acceptan mès agidament "lenga d'òc", qu'ac pòdes emplegar dambe eres au lòc d'occitan, coma volhas ! a partir deu moment qu'emplegas pas le plurau "lengas d'òc", rai !

(e jo, qu'èi hèit la causida de te responer en gascon)
J F Brun

#37

2012-08-29 13:27

De segur, per ieu, parlar d'occitan o de lenga d'Oc es totalament neutre, mas nos cal mesfisar de l'antipropaganda activa qu'assimila occitan a terrorista - o a partidari d'una lenga unificada d'a fons qu'escafa las riquesas dialectalas, es de messòrga mas coma l'agram i cal tornar de longa per la desrabar!

Mercé de contunhar la mobilizacion, ja 1160, nos cal de segur passar los 25000 au mai lèu!
Manjacostel

#38

2012-08-29 22:24

Merci pour cette initiative qui rappelle un fait unanimement reconnu par la très grande majorité des linguistes du monde, à savoir que la langue d'oc est diverse mais une....
realista

#39

2012-08-29 23:27

Bon je me fais l'avocat du diable: pourquoi avez-vous si peur de ceux qui parlent DES langues d'oc? En quoi cela vous gêne-t-il que les provençaux, qui ont Mistral, un Prix Nobel et une littérature prestigieuse, se considèrent comme ayant une langue à part entière? Vous pleurez parce que les franchimands ne veulent pas vous reconnaître comme "langue à part entière", mais vous exactement la même chose avec les Provençaux: où est la logique, où est le réalisme, et où est la démocratie, surtout?
Si l'unité de la langue d'oc est une évidence, pourquoi en faites-vous une pétition ??? De qui ou de quoi avez-vous peur ?
realista

#40 Re:

2012-08-29 23:30

#38: Manjacostel -

la langue d'oc est une et diverse, dites-vous. Et ceux qui parlent DES langues d'oc disent que leurs langues d'oc sont diverses mais unies dans la famille d'oc (ou Alliance des Langues d'Oc). Unité avec diversité pour vous, diversité avec unité pour eux: moi je ne vois pas de quoi faire tout un plat et perdre votre temps à pétitionner, sincèrement.

J F Brun

#41 Re: Re:

2012-08-30 01:20

#40: realista - Re:  

 En temps qu'utilisateur d'un dialecte (le languedocien oriental, dit "montpelliérain") j'ai eu à polémiquer contre certains "normalisateurs rigides" qui voulaient remplacer mon dialecte par une langue unifiée créée sur des bases théoriques et où je ne me reconnaissais plus. Mais je ressentais bien que c'était un faux débat, il fallait à la fois la langue réelle, celle que nous recevions du monde rural des années 70 et qui a été éradiquée, et celle de la longue tradition littéraire panoccitane. Je n'imaginais pas écrire le dialecte de Mauguio ou de Lansargues ou de Pégairolles de Buèges, mais la langue qui se parle des Alpes aux Pyrénées et qui commence avec le Poème de Boèce et la chanson de Sainte Foi. C'était une évidence. Variété, enracinement dans la sève vivante, mais unicité. Bernard Manciet qui écrivait le gascon le plus hyperdialectal et le plus éloigné de l'occitan standard en faisait une langue de littérature extraordinaire, et pourtant il dirigeait "Oc", revue panoccitane, car la richesse était là, dans cette diversité communiquante. Notre manifeste se base sur la démarche culturelle, qui n'a pas cessé d'être panoccitane, à part quelques exceptions qu'il est intéressant d'analyser. Nous nous sommes battus pour faire reconnaître au niveau mondial notre existence en temps que grande langue de culture et de civilisation (c'est ça le PEN international) et nous avons réussi. N'ayez aucun doute: si nous scions la branche et admettons que nous sommes en fait une mosaïque totalement éclatée de parlers différents sans liens entre eux, notre disparition définitive de la scène mondiale sera scellée avant 2050, et cela pour la plus grande joie d'un certain nombre de gens qui voien avec horreur la possibilité que nous puissions survivre au rouleau compresseur. L'enjeu est là. Moins de 200 langues qui vont survivre sur la planète. Voulons nous en faire partie ou acceptons nous le sophisme des dépeceurs qui affirment: "la langue d'oc est diverse, donc il y en a plusieurs, figées sur la table de l'anatomiste, disséquées, immuables, et tout projet culturel est une falsification puisque seul compte le parler rural hyperdiversifié et d'ailleurs disparu qui identifiait la singularité d'un hameau ou d'un village, etc..." Le projet de Mistral était panoccitan, c'était une renaissance réelle, pas un repliement sur la seule Provence Rhodanienne. C'est un humanisme. Nous ne pourrons pas sauver 5 ou 7 langues d'Oc séparées par des murs de Berlin. Ces cloisonnements sont une certitude d'agonie. Et d'ailleurs aucun observateur extérieur ne comprendrait cet étrange dépecage. C'est un délire d'autodestruction propre à l'hexagone.

Par contre tous les écrivains du PEN sont tombés d'accord sur l'importance de la dialectalité, aucun écrivain n'arrive à faire fonctionner comme un outil de pensée et de réenchantement du monde une "langue moyenne", qui est une expérience intéressante mais ne véhicule pas la sensibilité, les couleurs, la vie, etc... Notre situation est singulière mais passionnante. il nous faut assumer ce paradoxe de l'unité et de la diversité, il est extrêmement fécond. Il permet à la littérature d'oc de tenir encore une place intéressante dans le concert des cultures du monde malgré la disparition de l'usage spontané de nos parlers dans le monde rural depuis une trentaine d'années.

Et pourtant, je persiste et signe, je peux parler mon languedocien en Gascogne ou dans les vallées occitanes d'Italie, avec une rapide acclimatation j'ai l'impression d'être dans le village voisin et non dans un autre pays, tout le monde me comprend et je peux dialoguer avec tout le monde. Ces dialectes ne sont pas une langue différente. On est même surpris au contraire de trouver à 1000 km de chez soi des mots et expressions qu'on croyait très locaux...

L'enjeu de ce manifeste est d'affirmer qu'il existe une vie culturelle entre les Alpes et les Pyrénées, une culture totalement décentralisée, sans capitale, une langue d'une richesse immense capable de dire le monde avec des tonalités qui ne sont qu'à elle, et qui en fait la démonstration depuis 1000 ans. La diversité de la langue est une de ses originalités pour une langue de culture. Cette originalité s'explique par l'absence de destin politique de cette langue, c'est ça la réalité, sur le plan culturel c'est une de nos singularités.

aire cela

#42 Re: Re: Re:

2012-08-30 18:20

Merci de cette réponse calme et argumentée: je n'ai qu'une réticence vis à vis de votre message, c'est qu'il accuse vos "adversaires" de tous les péchés capitaux: les défenseurs DES langues d'oc auraient (ou voudraient) "construire un mur de Berlin" autour de chaque langue d'oc?? Où avez-vous déniché ça, avez-vous des spreuves, des documents, des déclarations, ou est-ce plutôt (ce que je crois) votre propre fantasme, un peu paranoiaque, qui voit dans celui qui ne pense pas comme vous l'ennemi à abattre coûte que coûte ?

E d'abord, qui seraient les maçons pour construire ce mur ??? de quels moyens disposeraient-ils, s'ils étaient assez fous pour vouloir faire cela ? Quand vous même déclarez qu'il y a une langue d'oc (ou occitan, peu importe) séparée du français, ne construisez-vous pas aussi comme un mur, et ce mur n'est-il pas NECESSAIRE pour sauvegarder votre langue et votre culture? Imaginez donc que c'est pour la même BONNE raison que les Provençaux disent: nous avons une langue, certes PROCHE DES VOISINES (et l'occitan est proche du français et du francoprvençal et du catalan, non?), mais QUI EST LA NOTRE. Les "langues d'oc" seraient, à leur échelle, des langues-soeurs tout comme, à une autre échelle, le français et l'occitan sont aussi des langues-soeurs.

Car il ny a pas (et je pense qu'il n'y a JAMAIS EU) de conscience "occitane/d'oc" clairement affirmée dans le peuple: celui-ci (ceux-ci, plutôt) se reconnaissent spontanément "provençaux, gascons, auvergnats, etc, mais jamais "d'oc" ou "occitans", et c'est bien là votre drame: vouloir faire exister une langue sans conscience identitaire populaire. les partisans DES langues d'oc ont cet immense avantage sur vous: quand ils disent "l langue provençale", ils sont sûrs d'être compris de tous.

Par ailleurs, soyons un peu "realistas": les défenseurs DES langues d'oc ont, me semble, le même amour de leur langue que vous-même; ils ont aussi les mêmes ennemis mortels, les jacobins de tout poil. Ne serait-il pas réaliste de faire une pétition TOUS ENSEMBLE, tous les amateurs et défenseurs des parlers d'oc ?

Il est vrai que je ne comprends sûrement pas toutes les arrière-pensées et les manoeuvres politiques qui peuvent se cacher derrière une pétition...#41: J F Brun - Re: Re:

 

domenge de Milhau

#43

2012-08-30 18:25

Auvêrnhe es occitana
DJ M.

#44 Re: Re:

2012-08-30 19:09

#40: realista - Re:

"diversité avec unité pour eux" dites-vous ? pas tout à fait, et c'est bien là tout l'enjeu de cette pétition !

les défenseurs du provençal, ou du nissart, ou du béarnais en tant que langues à part entière reconnaissent l'unité de leur "langue" dans la "latinité", c'est à dire qu'ils reconnaissent que le provençal, par exemple, fait partie des "langues d'oc", les langues d'oc étant (de leur point de vue) un ensemble faisant lui-même partie des langues latines... Et c'est bien là toute la nuance ! où s'arrête la langue, où commence le dialecte ? Là est la question ! et la réponse à cette question est primordiale quand à la légitimité de l'occitan ! car ceux qui sont les défenseurs du nissart par exemple en tant que langue en dicréditent la légitimité car dans la mesure où il ne s'agit que d'un dialecte, leurs revendications sont aussi puériles que celles des indépendantistes Normands (sous prétexte que le normand serait non pas un dialecte du français mais une langue à part entière). Or, l'occitan est une langue clairement distincte du français, mais le fait de présenter des dialectes comme de véritables langues brouille et discrédite le message : car ainsi présenté, les "langues d'oc" peuvent passer pour appartenir à la grande famille des dialectes... du français ! ce qui est complètement faux. d'où la nécessité de clarifier la situation.

J F Brun

#45 Re: Re: Re: Re:

2012-08-30 19:50

#42: aire cela - Re: Re: Re:  

 Je reconnais m'être laissé un peu emporter par mon indignation et je vous prie de me pardonner si mon lyrisme a dépassé la froideur de l'argumentation.

Il y a deux versants dans ce manifeste des écrivains d'Oc: l'importance irréductible de la diversité, et le fait que cette diversité sous-tend une unité, que malheureusement les gens qui ont oeuvré inlassablement depuis l'abbé Grégoire à l'éradication de la langue ont niée, et que toute la renaissance mistralienne et post-mistralienne a passionnément redécouverte.

Effectivement, la population ignorait tout des 1000 ans de littérature et des 1500 écrivains, ne connaissait que le patois de son village, qui cultivait comme critère d'identité sa différence avec celui du village voisin, ce qui a accrédité le mythe de jargons inaptes à toute communication. La population ne découvrait cette unité qu'au hasard de voyages et d'échanges, avec surprise. C'était inattendu. A 1000 km de chez soi on parle presque le même "patois"!

Notre manifeste émane d'acteurs culturels qui ont pris conscience de cette dualité et veulent la faire reconnaître, en s'opposant à la fois à la réduction totale de la langue d'oc à une forme basique trop artificielle privée de vie, et à cette vision de jargons cloisonnés appartenant irrémédiablement à un passé révolu, que nous persistons à considérer comme mortifère.

Pour nous la culture d'Oc n'est pas un patrimoine du passé à sauvegarder tant bien que mal comme les costumes folkloriques, c'est une culture réelle qui peut continuer à se développer et à s'exprimer au XXIe siècle, poursuivant une trajectoire renaissantiste amorcée par l'oeuvre de Mistral et qui n'a cessé de rebondir depuis.

Les "arrières pensées" sont simples, il n'y a pas de conspiration, tout est transparent. Nous défendons la logique d'une renaissance en cours, combattue, menacée, niée, mais réelle. Son dynamisme est sous-tendu par cette dualité unité/diversité.

En redevenant une section du PEN international nous avons montré que l'occitan n'est pas une "langue régionale" mais une des langues de culture et de civilisation du monde. Un outil de pensée et d'expression original, qui a apporté à la culture universelle un certain nombre de richesses. Ce qui n'est nié qu'en France, mais avec quelle hargne...

Nous ne parlons que de culture et de civilisation, laissant à d'autres la responsabilité de proposer des projets politiques anticonformistes dont nous respectons tout à fait la pertinence mais qui ne sont pas l'objet de notre travail. Notre culture n'est portée par aucun impérialisme, aucun pouvoir, aucun désir d'oppression. Elle ambitionne seulement à éviter la disparition que l'on lui promet depuis des siècles comme inéluctable.

J F Brun

#46 Fagatz signar tant e mai aqueste manifèst!

2012-08-30 19:56

Mercé a totes. En un desenat de jorns passam los 1300 signataris. Nos cal pas aplantar, coma vesètz nòstra afirmacion que podiá semblar tant evidenta es controversiada, las idèas ancianas son de mal desrabar, nos cal mostrar a la societat francesa que la populacion d'Oc dins sa diversitat espectaclosa es afeccionada per aquela cultura qu'es la sieuna entre las Alps e las Pirenèus, una e meravelhosament divèrsa! Fagatz signar lo mond a vòstre entorn!

DanièlOlivar

#47 Re:

2012-08-30 20:36

#39: realista -

Les Provençaux ? Non : certains Provençaux seulement, en rupture avec le Félibrige et Mistral lui-même, qui oeuvraient pour l'ensemble de la langue d'oc, de "la lengo dóu Miejour". On remarquera, à en croire les statistiques, que Marseille est très bien placée parmi les villes des signataires.  Quant à attribuer le prix Nobel de littérature de Mistral (seul prix jamais accordé à un écrivain s'exprimant dans une langue minorisée) au provençal au sens le plus étroit (on sait que "provençal", à l'époque du poète de Maillane, désignait toute la langue d'oc), c'est faire peu de cas de la démarche unitaire de Mistral, récompensé aussi pour son travail lexicographique qui embrassait toutes les modalités occitanes.

Bruno Peiràs

#48 Re: Re: Re: Re: Re:

2012-08-30 22:00

#45: J F Brun - Re: Re: Re: Re:  

 As rason ... e amb clartat.

 

Som plan content de véser lo nom de Franco Bronzat demèst los signataris. Se m'engani pas, es lo primièr nom d'un escrivan de las valadas que pareis sus aquel manifèste. Osca e que n'i aja mai (escrivans, païsans, obrièrs, artisans, totis ...)

Amistats

couide trauca

#49 Je ne comprends pas

2012-08-30 23:33

Selon certains, il y aurait une langue provençale différente de la langue d'oc (ou occitan), mais de quelle langue provençale parle-t-ils ? Celle qu'on parle à Sisteron,à Brignoles, à Arles, à Apt, à Orange ou à Cannes ? Il y a pourtant des différences assez importantes entre ces "parlers" pour que certains puissent les considérer comme des langues aussi différentes que celles parlées à Avignon et à Montpellier ...?
Realista

#50 Re: Re: Re: Re: Re:

2012-08-30 23:43

#45: J F Brun - Re: Re: Re: Re:

Je trouve sensé tout ce que vous dites, mais je reprends ma question: en quoi les tenants DES langues d'oc (je ne parle pas des passéistes, patoisants, localistes, etc) et l'ALLIANCE des Langues d'oc s'opposeraient-ils à ce que vous affirmez ? N'ont-ils pas les mêmes envies, les mêmes rêves et les mêmes buts que vous ? Je trouve sutrréaliste qu'on se fasse la guerre (car enfin vous les maltraitez dans votre manifeste : "groupuscules", dites-vous sauf erreur de ma part. Le Collectif Prouvènço, un groupuscule ??? Vous êtes sérieux, ou manjan d'agrioto ?) pour un singulier/pluriel qui en tout état de cause ne peut être que théorique: pour un MILITANT DE LA LANGUE A LA BASE, quelle différence ça fait de promouvoir "la langue provençale" ou "le dialecte provençal"???

Quant à la tentation de ramener vers l'unité de la langue TOUT le Félibrige, halte-là! Vous savez sans doute qu'il y a au moins 2 majoraux en Provence qui acceptent la pluralité, et il me semble au moins un en Languedoc. Je remarque d'ailleurs que le Capoulier du Félibrige n'a pas (encore?) signé la pétition: avez-vous des indications sur ses intentions?