Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Quoted post

Philippe Carcassés

#279

2012-10-02 21:25

M. Gourgaud,
plusieurs points:
1. J'ai employé le terme "phonétique française" non par mépris mais tout simplement car il s'agit bien de ça. La graphie mistralienne est bel et bien le code de la langue française appliqué à la langue d'oc.
Lou coustat pousitiu de la soucioulougio es que dono...
Lo costat positiu de la sociologia es que dona...Avec l'accent grave sur le dernier o que je ne sais pas faire.
Vous voyez bien que, ne serait-ce que d'un point de vue disons de première impression, la seconde phrase dégage un concept (ce que j'ai expliqué plus haut) que la 1ère rend moins, voire pas du tout (mais ce n'est pas une critique, c'est une constatation).
2. Si à Lansargues il y a un o avant l'accent tonique, c'est selon moi une influence tardive, car ce que je dis à propos de ce o qui passe à ou est valable partou; et on se demande bien pourquoi Lansargues ferait exception.
3. "lo compono", mais pourquoi pas écrire comme ça pour les locaux? Je ne suis pas un Ayatollah! Je vous dis simplement que la racine est "la campana", est que les cévenols ferment davantage les voyelles que d'autres. Voilà pourquoi, effectivement, ce n'est pas un vrai o. Je persiste et je signe.
3. Il faut être rigoureux: si vous dites 'les langues d'oc' il faut démontrer que provençal, languedocien et béarnais sont des langues différentes. Ce que je ne crois pas, malgré mon respect absolu des différences. Que je sache, j'ai discuté l'autre jour avec un provençal, on n'a pas eu besoin d'interprète! Donc c'est à vous à démontrer votre position.
4. Mon choix de la graphie classique découle très logiquement de mon sentiment à propos de cette unicité, que j'essaie de démontrer. Mais je ne fais pas de polémique.
5. Je sens chez vous comme une rancoeur, ceci m'étonne beaucoup. Je vous le redis: les Comanches contre les Cheyennes, c'est ridicule quand les longs couteaux sont là. Ils nous réconcilieront bientôt sur un cadavre (pour moi) sur plusieurs cadavres (pour vous). Comprend qui peut. La belle affaire!

Réponses

Ive Gourgaud

#284 Re:

2012-10-03 12:16:00

#279: Philippe Carcassés -

Merci d'être factuel, c'est bien ainsi que nous avancerons. je fais de même en reprenant votre intervention:

"La graphie mistralienne est bel et bien le code de la langue française appliqué à la langue d'oc.
Lou coustat pousitiu de la soucioulougio es que dono...
Lo costat positiu de la sociologia es que dona...Avec l'accent grave sur le dernier o que je ne sais pas faire.
Vous voyez bien que, ne serait-ce que d'un point de vue disons de première impression, la seconde phrase dégage un concept (ce que j'ai expliqué plus haut) que la 1ère rend moins, voire pas du tout (mais ce n'est pas une critique, c'est une constatation)."

Je m'inscris en faux contre votre affirmation sur la graphie mistralienne: vous êtes sans doute, comme beaucoup d'occitanistes, aveuglés par UN DETAIL, à savoir la graphie (ou) là où vous écrivez (o). Mais pour le reste, Mistral a toujours affirmé que sa graphie venait DES TROUBADOURS, et vous ne devez jamais oublier que l'ESSENTIEL DE VOTRE GRAPHIE VIENT DE MISTRAL !

Contre-vérité, ce que j'avance? Voici quelques exemples qui me viennent à l'esprit, et qui vous prouveront que la graphie mistralienne est en RUPTURE COMPLETE tant avec le français qu'avec les graphies patoisantes QUI ELLES SONT CE QUE VOUS DITES DE LA GRAPHIE MISTRALIENNE.

Allons-y:

1) avant Mistral on écrivait comme en fr. un H- en début de mot

2) avant Mistral on redoublait comme en français un tas de consonnes: PP, TT, LL, etc.

3) avant Mistral on écrivait "à la française" les diphtongues/triphtongues (aou, éou, oou !!, etc.)

4) avant Mistral il n'y avait aucun système d'accentuation: c'est lui qui établit la règle de l'accent écrit sur la tonique

5) avant Mistral, on écrivait (tch), (ts), (dj), (dz) ce qu'il établit en (ch) et (g/j)

 

Quelques exemples: patois (hommé) devient M. (ome), règles 1, 2 et 4

patois (oustaou, houstâou, etc.) deviennent (oustau), règle 3

patois (pénéquédjè) devient (penequejè), règles 4 et 5

 

Je suis loin d'avoir recensé ici toutes les innovations graphiques du mistralisme, et pourtant si vous êtes honnête vous reconnaitrez déjà qu'avec ces 5 règles on creuse un FOSSE IMMENSE entre le français et les patois d'une part, et l'ECRITURE NATIONALE, historiquement fondée, de Mistral.

Puis-je vous rappeler que la graphie dite "occitane" n'a fait que REPRENDRE INTEGRALEMENT toutes ces innovations mistraliennes ?

 

Quant à votre phrase d'exemple et de l'"effet" produit (ce que JF Brun donne aussi comme sentiment, esthétique je suppose, de

"classicisme" de la graphie occitane, j'ai à votre service des contre-exemples. Voici une phrase entière écrite en parfaite graphie occitane:

"A Vaison, la maison de mon oncle Gaston a quatre grands salons ronds",

alors quand on vient nous dire, comme l'ineffable Taupiac, que la graphie mistralienne est "succursaliste" par rapport au français, permettez-nous de sourire et d'écrire, comme le Majoral JP Tennevin, que

"l'occitan provençal : pas d'avenir!" (autre phrase écrite en parfait occitan!)

l'humour ici servant à désamorcer le conflit.

Je reprends mon idée de base: les uns et les autres ignorent superbement le système graphique concurrent, d'où incompréhension et agressivité gratuite (ce que je dis plus haut peut vous servir à montrer que votre graphie n'est pas techniquement anti-mistralienne)

Ive Gourgaud

#288 Re:

2012-10-03 13:26:36

#279: Philippe Carcassés -

Merci de votre intervention argumentée. Je reprends deux points:

-- "lo compono", mais pourquoi pas écrire comme ça pour les locaux? Je ne suis pas un Ayatollah! Je vous dis simplement que la racine est "la campana", est que les cévenols ferment davantage les voyelles que d'autres. Voilà pourquoi, effectivement, ce n'est pas un vrai o. Je persiste et je signe.

Je n'ai jamais contesté votre vision des "vrais" et "faux" O: je dis seulement que c'est une discussion entre linguistes, et que les gens normaux (nous les linguistes nous sommes clairement des anormaux!) ne font pas cette différence, la diachronie étant le moindre de leur souci.

Ceci dit, je serais curieux de savoir comment vous écrivez en occitan LO COMPONO ? Avec des (a) accent aigu partout ? ça serait contraire à la règle de base de l'accentuation... alors comment ?


-- Il faut être rigoureux: si vous dites 'les langues d'oc' il faut démontrer que provençal, languedocien et béarnais sont des langues différentes. Ce que je ne crois pas, malgré mon respect absolu des différences. Que je sache, j'ai discuté l'autre jour avec un provençal, on n'a pas eu besoin d'interprète! Donc c'est à vous à démontrer votre position.

J'ai déjà écrit, ici et ailleurs, que les langues existent à cause de (ou grâce à) la conscience qu'en ont les utilisateurs: de ce point de vue, je reconnais bien volontiers que la "langue occitane" existe à travers l'engagement obstiné d'un siècle et plus de militants de la Cause... le problème (ici, véritablement existenciel) étant: combien de divisions occitanes? Où est le "peuple occitan" qui pourrait répondre définitivement à cette question: LA / LES langue(s) d'oc? Une langue qui n'existe que par une simple volonté militante est-elle une langue véritable (le latin aussi est parlé par des militants, et l'espéranto)? Est-elle une langue vivante au plein sens du terme? Où est son usage social? Quel est le bilan des Calandretas, en ce qui concerne la transmission familiale ?

Par ailleurs, si j'admets sans problème qu'entre Provençaux et Languedociens vous n'avez pas de mal à communiquer, je répète ici mes expériences d'intercompréhension entre portugais/castillan et polonais/slovaque (+ expérience d'intercompréhension spontanée observée en Pologne entre biélorusse et polonais)... et je redis qu'un Niçois parlant sa langue aura les pires difficultés avec un Béarnais... ou un Auvergnat du Puy-de-Dôme. Le statut de "langue" et l'intercompréhension, ce sont vraiment deux choses totalement différentes, pas la peine d'avoir un diplôme de sociolinguistique pour comprendre cela.

Ce qui signifie que vous n'allez pas plus me convaincre de "la langue occitane" que moi de "la langue cévenole": il y a à la base un sentiment ou non d'appartenance à un ensemble, c'est tout et c'est l'essentiel.