Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Ive Gourgaud

/ #284 Re:

2012-10-03 12:16

#279: Philippe Carcassés -

Merci d'être factuel, c'est bien ainsi que nous avancerons. je fais de même en reprenant votre intervention:

"La graphie mistralienne est bel et bien le code de la langue française appliqué à la langue d'oc.
Lou coustat pousitiu de la soucioulougio es que dono...
Lo costat positiu de la sociologia es que dona...Avec l'accent grave sur le dernier o que je ne sais pas faire.
Vous voyez bien que, ne serait-ce que d'un point de vue disons de première impression, la seconde phrase dégage un concept (ce que j'ai expliqué plus haut) que la 1ère rend moins, voire pas du tout (mais ce n'est pas une critique, c'est une constatation)."

Je m'inscris en faux contre votre affirmation sur la graphie mistralienne: vous êtes sans doute, comme beaucoup d'occitanistes, aveuglés par UN DETAIL, à savoir la graphie (ou) là où vous écrivez (o). Mais pour le reste, Mistral a toujours affirmé que sa graphie venait DES TROUBADOURS, et vous ne devez jamais oublier que l'ESSENTIEL DE VOTRE GRAPHIE VIENT DE MISTRAL !

Contre-vérité, ce que j'avance? Voici quelques exemples qui me viennent à l'esprit, et qui vous prouveront que la graphie mistralienne est en RUPTURE COMPLETE tant avec le français qu'avec les graphies patoisantes QUI ELLES SONT CE QUE VOUS DITES DE LA GRAPHIE MISTRALIENNE.

Allons-y:

1) avant Mistral on écrivait comme en fr. un H- en début de mot

2) avant Mistral on redoublait comme en français un tas de consonnes: PP, TT, LL, etc.

3) avant Mistral on écrivait "à la française" les diphtongues/triphtongues (aou, éou, oou !!, etc.)

4) avant Mistral il n'y avait aucun système d'accentuation: c'est lui qui établit la règle de l'accent écrit sur la tonique

5) avant Mistral, on écrivait (tch), (ts), (dj), (dz) ce qu'il établit en (ch) et (g/j)

 

Quelques exemples: patois (hommé) devient M. (ome), règles 1, 2 et 4

patois (oustaou, houstâou, etc.) deviennent (oustau), règle 3

patois (pénéquédjè) devient (penequejè), règles 4 et 5

 

Je suis loin d'avoir recensé ici toutes les innovations graphiques du mistralisme, et pourtant si vous êtes honnête vous reconnaitrez déjà qu'avec ces 5 règles on creuse un FOSSE IMMENSE entre le français et les patois d'une part, et l'ECRITURE NATIONALE, historiquement fondée, de Mistral.

Puis-je vous rappeler que la graphie dite "occitane" n'a fait que REPRENDRE INTEGRALEMENT toutes ces innovations mistraliennes ?

 

Quant à votre phrase d'exemple et de l'"effet" produit (ce que JF Brun donne aussi comme sentiment, esthétique je suppose, de

"classicisme" de la graphie occitane, j'ai à votre service des contre-exemples. Voici une phrase entière écrite en parfaite graphie occitane:

"A Vaison, la maison de mon oncle Gaston a quatre grands salons ronds",

alors quand on vient nous dire, comme l'ineffable Taupiac, que la graphie mistralienne est "succursaliste" par rapport au français, permettez-nous de sourire et d'écrire, comme le Majoral JP Tennevin, que

"l'occitan provençal : pas d'avenir!" (autre phrase écrite en parfait occitan!)

l'humour ici servant à désamorcer le conflit.

Je reprends mon idée de base: les uns et les autres ignorent superbement le système graphique concurrent, d'où incompréhension et agressivité gratuite (ce que je dis plus haut peut vous servir à montrer que votre graphie n'est pas techniquement anti-mistralienne)