Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Ive Gourgaud

/ #288 Re:

2012-10-03 13:26

#279: Philippe Carcassés -

Merci de votre intervention argumentée. Je reprends deux points:

-- "lo compono", mais pourquoi pas écrire comme ça pour les locaux? Je ne suis pas un Ayatollah! Je vous dis simplement que la racine est "la campana", est que les cévenols ferment davantage les voyelles que d'autres. Voilà pourquoi, effectivement, ce n'est pas un vrai o. Je persiste et je signe.

Je n'ai jamais contesté votre vision des "vrais" et "faux" O: je dis seulement que c'est une discussion entre linguistes, et que les gens normaux (nous les linguistes nous sommes clairement des anormaux!) ne font pas cette différence, la diachronie étant le moindre de leur souci.

Ceci dit, je serais curieux de savoir comment vous écrivez en occitan LO COMPONO ? Avec des (a) accent aigu partout ? ça serait contraire à la règle de base de l'accentuation... alors comment ?


-- Il faut être rigoureux: si vous dites 'les langues d'oc' il faut démontrer que provençal, languedocien et béarnais sont des langues différentes. Ce que je ne crois pas, malgré mon respect absolu des différences. Que je sache, j'ai discuté l'autre jour avec un provençal, on n'a pas eu besoin d'interprète! Donc c'est à vous à démontrer votre position.

J'ai déjà écrit, ici et ailleurs, que les langues existent à cause de (ou grâce à) la conscience qu'en ont les utilisateurs: de ce point de vue, je reconnais bien volontiers que la "langue occitane" existe à travers l'engagement obstiné d'un siècle et plus de militants de la Cause... le problème (ici, véritablement existenciel) étant: combien de divisions occitanes? Où est le "peuple occitan" qui pourrait répondre définitivement à cette question: LA / LES langue(s) d'oc? Une langue qui n'existe que par une simple volonté militante est-elle une langue véritable (le latin aussi est parlé par des militants, et l'espéranto)? Est-elle une langue vivante au plein sens du terme? Où est son usage social? Quel est le bilan des Calandretas, en ce qui concerne la transmission familiale ?

Par ailleurs, si j'admets sans problème qu'entre Provençaux et Languedociens vous n'avez pas de mal à communiquer, je répète ici mes expériences d'intercompréhension entre portugais/castillan et polonais/slovaque (+ expérience d'intercompréhension spontanée observée en Pologne entre biélorusse et polonais)... et je redis qu'un Niçois parlant sa langue aura les pires difficultés avec un Béarnais... ou un Auvergnat du Puy-de-Dôme. Le statut de "langue" et l'intercompréhension, ce sont vraiment deux choses totalement différentes, pas la peine d'avoir un diplôme de sociolinguistique pour comprendre cela.

Ce qui signifie que vous n'allez pas plus me convaincre de "la langue occitane" que moi de "la langue cévenole": il y a à la base un sentiment ou non d'appartenance à un ensemble, c'est tout et c'est l'essentiel.