Refondation de l'école : les dindons prennent la parole

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Lucas

#129 Re:

2012-11-09 16:56

#123: ratat -

Pour un rigolo t'en es un drôle... ça c'est sûr.

Me sortir une étude chinoise, la théorie du complot, jusqu'à vanter les mérites des classes à public choisi!

Fortiche!

C'est à mourir de rire... Jaune.

Donc, pour  les élèves en difficultés "YAKA d'la pédagogie explicite"... En quoi cela justifie-t-il le maintien du dispositif RASED ou la diminution du nombre d'élèves par classe?

Au sujet de ces élèves que tu cantonnes au fond de la classe, je pourrais te parler des études sur l'effet Pygmalion, mais elles n'ont pas été réalisées en Chine, et je ne voudrais surtout pas te déranger dans ta correction... ni dans tes certitudes.

Mes exemples en termes de réformes je les prends dans les pays du nord de l'Europe qui savent faire évoluer leur système éducatif, et en termes de "renouveau" je me tourne plutôt vers le Canada ou plus récemment la Belgique...

En France on ne réforme pas, on empile...Beaucoup!  Et on en arrive à une multiplication des structures intermédiaires qui ont aspiré les budgets, qu'il est politiquement incorrect de remettre en cause et qui s'inventent une utilité à grands coups de tableaux à cases et de papelards à remplir qui éloignent le lieu de décision du public qu'elle concerne. L'accompagnement des élèves porteurs d'handicap en est un bon exemple, le fonctionnement du RASED un autre, les nouvelles modalités d'inspection encore une autre, le rôle des CPC encore... Celui des "maîtres informatiques"...

Mon ancienneté n'est pas gage de révélation ni de vérité, ce n'est juste qu'une expérience, une petite histoire qui n'a pas de valeur générale.

Je suis dirlo d'une école de 5 classes dans une commune de moins de 5000 habitants avec le 1/4 de décharge que m'accorde l'administration pour faire tourner tout ce petit monde. Je bosse dans cette commune depuis plus de 30 ans, et les parents de mes élèves sont mes anciens élèves... C'est un bon étalon pour mesurer ses réussites et ses échecs, certainement pas pour en faire une généralité. D'ailleurs, si on pouvait un peu se décentrer de notre "quotidien", où celui-là ne s'octroie qu'une 1/2 journée de repos par semaine, cet autre travaille plus de 10h/jour, l'autre encore qui fait un boulot super efficace avec "son" RASED, et celui-là qui doit vite aller corriger ses copies... Et regarder le système dans son ensemble on verrait bien que les DINDONS de la FARCE ce sont les élèves aujourd'hui.

Malgré tous ceux cités plus haut (dont je ne mets pas en doute leur investissement) l'école produit de plus en plus de l'échec:

• plus de 20% qui arrivent au collège sans les fondamentaux.

• un nombre record sort de nos écoles sans rien

• l'école non seulement ne joue plus sa mission essentielle d'ascenseur social, mais elle en accentue ses déterminismes

... Et on peut continuer.

Voilà les raisons objective qui font que je suis persuadé du bien-fondé d'une Refondation, et pas d'une réforme. On peut penser cela sans être "possédé" par l'esprit d'un ministre.

Comme je pense que c'est la nation qui est concernée par l'Institution scolaire, je ne vois pas d'autre méthode que la "concertation". Comme je suis démocrate, je comprends, ce qui ne veut pas dire que je partage, que le gouvernement fasse des choix (par exemple je suis dubitatif sur le maître en plus)... Ma grande inquiétude c'est justement qu'il n'en fasse pas et se contente de mesurettes. Donc, dans cette phase, je m'emploie à faire que la Refondation en soi une.

À partir de là, une fois le contenu connu, le "corporatisme" ne me dérange pas. Au contraire, je ne vois pas comment ne pas accompagner le changement de l'école sans se préoccuper du personnel enseignant. Je dis juste que cette pétition mélange trop de choses pour paraître comme quelque chose qui rassemble. D'ailleurs les débats qu'elle suscite le démontrent.

Et ce n'est pas parce que je ne la signe pas que je me contente d'attendre (parfois j'aimerais...). On ne se connait pas, évitons donc les procès d'intention.

Réponses

ratat

#135 Re: Re:

2012-11-09 20:18:45

#129: Lucas - Re:

« Me sortir une étude chinoise, la théorie du complot, jusqu'à vanter les mérites des classes à public choisi! »

Fortiche! »

Chaque fois qu'un enseignant critique les classes hétérogènes il est taxé immédiatement de ségrégation. Peut-on envisager ou expérimenter une seule fois des classes homogènes à effectif réduit pour faire progresser les plus faibles ? Peut-on envisager un dispositif basé sur des modules en fonction des contenus d'enseignement afin que chaque élève puisse suivre un contenu adapté à son niveau ?

Visiblement le formatage idéologique par l'école normale ou par les IUFM a bien eu lieu en France. Il serait tout de même important de faire lire certaines œuvres aux futurs professeurs des écoles car visiblement le phénomène de reproduction décrit par Bourdieu se retrouve au sein même des hautes sphères de l'éducation nationale. Les recrutés, bien formatés et labellisés  «  maîtres formateurs » « directeurs » ou « inspecteurs » deviennent à leur tour recruteurs. De cette façon, certaines idéologies s'imposent de manière doctrinales comme ça pu être le cas concernant les méthodes de lecture, les pédagogies actives. Ce n'est en rien une théorie du complot, personne ne complote, c'est un phénomène naturel. Lorsque vous êtes recrutés en défendant certaines valeurs puis labellisées par un diplôme, vous avez 90 % de chances de défendre ces mêmes valeurs (que vous en ayez conscience non) et de recruter de nouvelles personnes sur les valeurs qui vous ont fait être. C'est tout le contraire d'un système démocratique.

« Mes exemples en termes de réformes je les prends dans les pays du nord de l'Europe qui savent faire évoluer leur système éducatif, et en termes de "renouveau" je me tourne plutôt vers le Canada ou plus récemment la Belgique... »

Vous semblez dénigrer les études chinoises et accorder davantage de crédibilité aux études européennes ou transatlantiques. Sachez qu'il en existe également à très grande échelle en Amérique et au Canada (système que vous semblez défendre) et qui font état de la supériorité des méthodes pédagogiques centrées sur le savoir et la connaissance. Je m'étonne tout simplement que ces études ne soient pas citées en formation initiale mais aussi en formation continue. Et que lorsque l'on en parle aux inspecteurs ou aux conseillers ces derniers préfèrent se taire ou continuent d'évoquer la supériorité de ce qu'ils avancent sans aucun argument parce que Meirieu ou un autre l’a écrit. Dommage que le débat soit si peu ouvert, que la doctrine domine, que la parole des enseignants soit aussi peu considérée.

« Au sujet de ces élèves que tu cantonnes au fond de la classe ». (Tu m'attribues des intentions que je n'ai pas ! C'est tout simplement un constat ! Les élèves en difficulté au CP, ce sont les mêmes que l'on retrouve CM2) on le sait depuis une cinquantaine d'années.

Que 90 % des enseignants cantonnent au fond de la classe faute de pouvoir appliquer une pédagogie différenciée ! Tout le monde sait très bien qu'un professeur normalement constitué n'a pas le temps de différencier sa pédagogie dans toutes les matières. En général, quelques-uns y arrivent en français et en mathématiques jusqu'au mois de janvier, puis peu à peu la fatigue s'installe, et l'on propose au dindon de la farce des contenus qui ne leur sont plus adaptés. On peut continuer à le nier, continuer à fabriquer des illettrés et crier comme faux remède à ce maux la pédagogie différenciée, les élèves progresseront pas !

« et je ne voudrais surtout pas te déranger dans ta correction... ni dans tes certitudes. . Ma grande inquiétude c'est justement qu'il n'en fasse pas et se contente de mesurettes. Donc, dans cette phase, je m'emploie à faire que la Refondation en soi une. »

Ton inquiétude est devenue une grande réalité chez bon nombre d'enseignants !!! Ils ont bien compris qu'avec les mesures prises actuellement, la Refondation n'aura pas lieu ! C'est tout le dispositif qui est à revoir. Personnellement, mais tu l'auras compris, je ne crois absolument pas à cette refondation qui reste pour moi, comme pour 12 autres de mes collègues à l'école qui n'ont aucunement été consulté, une supercherie.

« Comme je suis démocrate ».  Moi aussi ! Mais pour une véritable démocratie et pas une démocratie représentative oligarchique ou aristocratique.