Refondation de l'école : les dindons prennent la parole

JEF

/ #266 Re:

2012-11-13 01:00

#261: dirlette -  

 Je souhaiterais ajouter à ces différents points, même s'ils ont été peu abordés dans la discussion, l'importance de l'accompagnement des enfants en situation de handicap ou de ceux qui sont en grosse difficulté scolaire. Je crois que ce sont 2 points où enseignants et parents peuvent se rejoindre. Pour avoir pu bénéficier pendant deux années des interventions d'un SESSAD pour l'un de mes élèves, je peux vous dire à quel point cela m'a été bénéfique pour adapter mes apprentissages à cet élève ( adaptation matérielle pour l'ergothérapeuthe, soutien psy de l'enfant et de la famille, rééducatrice pour ce qui est du scolaire...).  2 années d'un vrai travail d'équipe où nous avons cheminé ensemble, pour finalement trouver une place adaptée pour cet élève qui s'y épanouit pleinement. Malheureusement, j'ai vu aussi des enseignants impuissants face à une difficulté tellement grande dûe au handicap, qu'ils en pleuraient en réunion. J'ai vu des parents terrassés de douleurs parce que l'école, du coup, devenait un lieu de souffrance pour leur enfant. C'est aussi une réalité de notre métier: on l'aborde peu parce que ce n'est pas la majorité de nos élèves. Et pourtant, c'est si important à mes yeux.

Enfin, le sujet plus général de l'enfant en grosse difficulté dans une classe: le drame de notre métier se situe bien là pour moi. Combien d'enfants repérés en difficultés dès leur plus jeune âge, signalés et qui se plantent, comme on l'avait prévu, parce que plus personne ( et là, je parle du Rased) ne met les pieds dans une classe pour conseiller les enseignants? Je ne suis pas rééducateur, je n'ai malheureusement pas ces compétences. Je ne suis pas psychologue non plus. Alors, je passe nombre d'heures à préparer un travail individualisé, pour un résultat qui n'est jamais à la hauteur de mes espérances. La raison en est simple: c'est que la réponse que je leur apporte n'est pas la bonne. Certains élèves n'ont pas besoin d'un enseignant mais bien d'un rééducateur ou de séances avec un psychologue. Moi, ça me fait bondir quand j'entends parler de ces élèves qui arrivent en 6 ème sans maîtriser la lecture. Moi, je suis en moyenne et grande section et ils sont repérés dès cet âge là!!!! Quand je parle du Rased en ces termes, ce n'est évidemment pas pour les incriminer. Bien au contraire: je déplore leur démantèlement ces dernières années dans une quasi indifférence : un élèves par ci par là, ça ne fait bouger personne. Parents d'élèves, trouvez vous normal qu'on nous réponde : " Je ne viendrai pas aider cet élève parce que ton école est trop loin? Pourtant, il en aurait tellement besoin...". Est-cela l'égalité pour tous?

Alors, oui, on râle, mais on râle parce qu'on veut les aider les élèves, tout comme on veut aider les parents. Il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Nous avons tous des souvenirs de parents méprisants à nore égard comme nous avons le souvenir aussi de collègues tire au flanc.  Moi, je crois que je suis heureux dans ma classe avec mes élèves mais j'en ai marre que nos heures ne soient pas non plus reconnues comme les profs de collège. Pourquoi ne touche t-on pas l'ISOE, comme eux, pour nos équipes éducatives, nos rencontres avec les parents, nos réunions ?