Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Ive Gourgaud

/ #276 Re:

2012-10-02 11:19

#270: Philippe Carcassés -

Vous dites que

"les personnes qui insistent sempiternellement sur les différences (réelles et respectables) de l'occitan négligent en fait l'essentiel: à savoir le sentiment de commune appartenance au delà des différences."

et vous avez raison dans l'absolu, mais le problème (pour les gens comme moi, du moins) c'est que JE N'AI PAS CE SENTIMENT de "commune appartenance" au monde dit "occitan". Même quand j'étais férocement occitaniste (pas mal d'années quand même!) je n'ai jamais senti le moindre sentiment de destin commun avec les Limousins ou les Gascons: qu'ils me le pardonnent, mais tout cet Ouest occitanien m'a toujours paru radicalement étranger à ma personnalité tant linguistique que géographique (les paysages). Vous allez me dire que j'avais tort, mais le SENTIMENT ça ne se discute pas, ça se vit ou pas.

En Cévennes, oui j'ai très fortement ce formidable "sentiment de commune appartenance au delà des différences"... parce que figurez-vous que cette diversité que vous dites défendre comme constituant la langue occitane, nous la ressentons et la défendons en Cévennes aussi: nous avons 4 grands dialectes avec chacun ses particularités, que nous respectons à l'écriture comme à la prononciation (cf. les 2 "Almanach cévenol" de 2011 et 2012, qui regroupent des textes des 4 dialectes)

Il vous faut bien comprendre que ce qui nous différencie ce n'est que la taille, sûrement pas la nature: la langue cévenole est tout aussi variée que votre occitan, nous avons donc les mêmes problèmes de représentation graphique, de langue littéraire, etc.

La seule différence (mais elle est de taille, tout comptes faits) c'est que nous on n'a pas la prétention de vouloir imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, on ne prétend pas avoir la science infuse ni les solutions universelles: je trouve la graphie mistralienne très performante pour le cévenol, mais j'ai déjà dit aux occitanistes limousins (dans Mescladis e cops de gula) que si j'étais en Limousin je serais probablement avec eux dans la graphie occitane. Quant aux parlers montpelliérains, avec leur -a final atone clairement articulé [a], je trouve que c'est là un obstacle concret de taille à l'écriture mistralienne (pareil à Nice).

Tout ça pour dire que les ayatollahs ne prospèrent guère ici en Cévennes...