Manifeste affirmant le caractère un et divers de la langue d'Oc

Ive Gourgaud

/ #298 Re: acòrdi!

2012-10-05 13:18

#293: J F Brun - acòrdi!

Ce passage de votre intervention a retenu moun attention:

"la grafia mistralenca adaptada als divèrses parlars autres que lo rodanenc es un excellent mejan de pegar a sa fonetica çò qu'a un interés segur per la pedagogia. Mas a la rebors augmenta la diferéncia entre aqueles parlars e se mainam en parlant que los comprenèm melhor que çò qu'auriam cresegut en los legiguent. Donc lo defaut de generalizar aquel usatge coma se faguèt au sègle XIX es de far entrava a l'escambi... En la parlant la lenga es mens diferenciada que dins l'escrich quora se nòta totes los aspèctes de la fonetica"

Je crois bien que vous êtes le premier à soutenir que la langue écrite est plus difficile à saisir que la langue parlée: en règle très générale, on estime que c'est le contraire, puisque le lecteur impose son propre temps de lecture (il peut donc "prendre son temps" devant les difficultés) alors qu'à l'oral c'est le locuteur qui impose ce temps, et s'il parle trop vite ou articule mal, adieu la compréhension ! Pas de nouvelle audition, alors qu'à la lecture le retour est toujours possible.

Ceci dit, j'aime assez les paradoxes pour m'intéresser à votre point de vue. Je vous donne quand même un contre-point: la revue lozérienne Lou Païs, qui paraît depuis 1952 en graphie mistralienne, ne semble pas avoir empêché qui que ce soit de comprendre. Certes, il s'agit de parlers voisins, mais enfin on note (taugo) en lozérien non cévenol, et (taulo) en cévenol, las

(ca-) côtoient les (cha-), les finales (-iò) y côtoient les (-iè), etc. Je ne vois pas très bien quelles sont les notations SPECIFIQUES DE LA GRAPHIE MISTRALIENNE qui pourraient gêner l'intercompréhension? Le (b) là où vous écrivez (v) ? Et si vous reprochez au mistralien d'accumuler les différences (ce qui signifie que ces différences EXISTENT réellement), alors par quel miracle ces différences seraient-elles une difficulté à l'écrit, et les mêmes difficultés... moins difficiles à l'oral ? Je ressens vraiment cela comme un paradoxe, surtout qu'on sait (ou qu'on devrait savoir) que c'est un abus d'affirmer que notre graphie est "phonétique" alors qu'elle est assez largement "englobante", cf. (ch), (g/j), (au) prétonique, etc. Mais vos explications vont j'espère m'éclairer sur ce point.