Pour une UQAM laïque

Dominique Garand

/ #13 Re: Offres d'emploi à l'UQAM (après l'adoption de la loi sur la laïcité)

2013-12-19 01:37

#6: Francis Dupuis-Déri - Offres d'emploi à l'UQAM (après l'adoption de la loi sur la laïcité)

Il y a quelque chose de sophistique dans cette intervention de M. Dupuis-Déri. Présenté comme il le fait, le projet de charte paraît abusivement restrictif et en tout point négatif. Or, la laïcité est une valeur politique positive et non pas un programme d'intolérance.
Pour faire comprendre mon point de vue, je ferai une comparaison avec la langue. L'UQAM, on s'entend, est une université francophone. Est-ce dire qu'il s'agit d'une université intolérante à l'égard de toutes les autres langues du monde? Pourtant, on exige bien des profs qu'on engage qu'ils enseignent en français, quelle que soit leur origine linguistique. Cette exigence ne touche que leur vie universitaire : à la maison ou ailleurs, ils peuvent parler la langue qu'ils veulent.
Bref, puisqu'on s'est donné le droit d'imposer le français comme langue de travail sans que ce soit là un geste de discrimination à l'encontre des autres langues, on est aussi en droit de déclarer que l'UQAM est une université laïque. Ses professeurs peuvent pratiquer la religion qu'ils veulent, mais on leur demande seulement de laisser au vestiaire les signes qui témoignent de manière ostentatoire de leur allégence religieuse quand ils viennent enseigner, dans la mesure justement où ils ne sont pas là pour enseigner leur religion ou à partir de leur religion.
Cette précaution me paraît tout à fait raisonnable et ne brime en rien les libertés individuelles. Elle ne brime en fait que le dogmatisme de ceux qui voudraient mettre de la religion dans tous ce qu'ils font, y compris dans leur enseignement universitaire. Cette exigence de séparation entre le civil et le religieux, le Québec l'a déjà imposé aux enseignants catholiques et protestants qui peuplaient le système d'éducation jusque dans les années 60. Et plus récemment, on a cessé de privilégier les religions chrétiennes pour offrir des cours sur les religions en général, sans parti pris pour l'une ou l'autre d'entre elles. Il me paraît dès lors logique (et sain) que ce principe de neutralité soit mené jusqu'au bout.