Lettre ouverte des étudiants de l'UA à destination de la Vice présidente de la Comission formation et vie Universitaire.

Nous réclamons les mêmes chances de réussite pour tou.te.s et nous disons non à l'échec de masse que va engendrer cette « continuité » pédagogique.

 

Objet: Covid 19: La question des modalités d'évaluation 

 
Mme la Vice-présidente de la commission formation et vie universitaire,
 
Dans le contexte de l'épidémie de COVID-19, et de la fermeture au public étudiant de l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur depuis le 16 mars, notre université a décidé de continuer d’assurer, à distance, le service public de l’enseignement, qui est l'une de ses missions principales.
Quand on parle de continuité pédagogique, on parle donc de modalités d'évaluation dont la réalisation reste pour nous étudiant.e.s la plus grande des préoccupations dans cette période de crise sanitaire.
 
Avec le plus grand respect et la plus grande des considérations de votre travail, nous tenons, vivement, à attirer votre attention sur les différentes formes d'inégalités que la continuité pédagogique, à distance, pourrait engendrer comme conséquences.
 
Tout d'abord, nous constatons que les évaluations à distance sont respectées selon des modalités inadaptées au caractère exceptionnel de la situation. Un problème majeur que pose la généralisation des évaluations à distance est le présupposé que chacun.e (étudiant.es et enseignant.es) dispose des conditions techniques (ordinateur personnel, connexion fiable) et plus généralement des conditions matérielles (possibilité de s'isoler dans un endroit calme, accès aux ressources documentaires des bibliothèques) nécessaires pour étudier et répondre à domicile à des évaluations à distance. Si l'accès à de telles conditions est déjà très inégal en temps normal, il devient plus qu'incertain en période de confinement, notamment pour les étudiant.e.s en situation de précarité. Que faire quand toute une famille se retrouve en situation de télétravail avec un seul poste disponible? Lorsqu'on est en détresse psychologique, en quarantaine dans quelques mètres carrés avec une mauvaise connexion internet?
 
L'anxiété est d'autant plus forte pour les étudiant.es boursier.es qui, si elles et ils ne valident pas leur semestre, se voient déclaré.e.s défaillant.es et perdent par conséquent leur droit à la bourse, ce qui pour beaucoup signifie la fin des études et le retour à une situation de travail salarié à plein temps. Or nombre des étudiant.e.s ne possédant pas d'accès à une connexion fiable sont majoritairement des étudiant.e.s boursier.e.s. Nous ne citerons pas le cas des étudiant.e.s qui seraient malades ou dont les parents malades génèrent une inquiétude plus qu'ingérable.
Par conséquent, de telles mesures renforcent les inégalités sociales déjà trop présentes dans nos universités.
 
De plus, la situation est tout aussi inégalitaire pour les étudiant.e.s en situation de handicap bénéficiant normalement d'aménagements nécessaires pour garantir des conditions d'examen justes et adaptées, souvent impossibles dans la conjoncture actuelle. En outre, nous ne pouvons nier que le contexte présent nuit grandement à la préhension des situations plurielles auxquelles les étudiant.e.s et enseignant.e.s sont en proie. Le confinement est également particulièrement anxiogène pour les étudiant.e.s étranger.ère.s qui connaissent une pression financière et administrative importantes, de surcroît loin de leurs proches.
Pour ces raisons, nous estimons que votre responsabilité est de veiller à ce que les mesures d'évaluation prises ne soient en aucun cas une entrave à la réussite des étudiant.e.s.
 
Dans ces temps troublés, nous considérons qu'outre le respect des consignes sanitaires, la priorité doit être donnée à la solidarité plutôt qu'à la soit-disant nécessité de noter.
Il s'agit tout simplement d'être conscient du caractère nécessairement problématique des évaluations liées à d'éventuels cours dispensés à distance.
 
Dans ce cas d'évaluation à distance, il nous semble important, entre autres, afin de tenir compte aussi largement que possible de la diversité des situations auxquelles nous, étudiant.e.s, devons faire face :
 
- De donner des contrôles ne portant que sur des contenus qui auront été dispensés en classe.
 
- En fonction des critères propres à chaque discipline et à chaque niveau de diplôme, que les enseignant.e.s renoncent, autant que faire se peut, à des contrôles en ligne et en temps limité, pour en proposer ceux avec une marge de temps raisonnable (3 jours minimum), d'un format allégé et réalisable au vu des circonstances difficiles, parfois dramatiques, où nous nous trouvons tou.te.s plongé.e.s
 
- Au-delà de ces principes, de demander aux enseignant.e.s de choisir des sujets resserrés pour en faciliter l'accès et éviter tout engorgement des serveurs (que ce soit au moment de leur envoi ou de la remise du travail), et à veiller à ce que les sujets de devoir soient donnés bien en amont du jour prévu pour leur remise (3 jours minimum), remise qui pourra se faire, selon le choix de l’enseignant.e, soit sur notre plateforme internet (pour les groupes à gros effectifs), soit par courriel à l'adresse professionnelle de notre enseignant∙e.
 
- Enfin, de considérer cela comme une mesure exceptionnelle de protection des étudiante.e.s n'ayant pas la possibilité de passer ces évaluations à distance.
 
En votre qualité de vice-présidente de la formation et de la vie universitaire nous pensons que vous comprenez la situation qui prévaut et les conséquences engendrées, nous espérons que vous aurez, mieux que nous, les mots justes qui susciteront la clémence de vos collègues mais surtout la quiétude au sein de l'ensemble de la communauté étudiante.
 
Dans l'attente d'une suite favorable, nous vous souhaitons, ainsi qu'aux vôtres, une excellente santé et une bonne semaine.
 
Bien cordialement
 
Les étudiants.es, enseignant.es de l'université d'Angers. 

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