Non!!! A la fermeture du college Robert Surcouf

ggb

/ #17 lettre ouverte du groupement de parents

2016-06-11 17:54

Lettre ouverte pour les portes ouvertes au Collège Robert Surcouf de Saint Malo. Le groupement de parents du Collège Robert Surcouf souhaite s’exprimer sur les événements qui se sont déroulés le jeudi 2 juin 2016. Depuis de nombreuses semaines, les élèves, les parents, et toute l’équipe pédagogique du collège étions dans l’attente de l’annonce d’une fermeture de l’un des établissements de Saint Malo. Malgré nos démarches auprès des instances décisionnelles pour faire valoir nos arguments en ce qui concerne le maintien de son ouverture : c’est le Collège Robert Surcouf qui fermera fin 2017. Nous considérons que cette décision est uniquement économique et qu’en aucun cas elle ne permettra d’accueillir dans de bonnes conditions les élèves du collège. Les décideurs argumentent que la dispersion de ce groupe dans d’autres établissement permettra une mixité sociale. Nous n’y croyons pas. Vous obligez ces enfants à intégrer des établissements remplis d’élèves qui ont fait le choix de la dérogation pour s’éloigner d’eux et éviter l’effet ghetto du quartier. Cette décision remet en cause l’intégration sociale de ces élèves. Ils vont être stigmatisés, dispersés dans d’autres groupes alors que leur force est de travailler ensemble. C’est la cohésion pédagogique qui les maintient dans le système scolaire et le respect mutuel instauré entre les professeurs et les élèves. Vous allez détruire ce lien social si difficile à atteindre et nécessaire pour espérer s’intégrer dans la société en général, et tout simplement dans la ville au quotidien. Ces enfants devront se déplacer pour aller dans un collège éloigné et sans doute prendre les transports en commun. Cet éloignement les obligera à manger à la cantine quand la plupart d’entre eux déjeunent à domicile. Leurs familles pourront-elles supporter ces coûts supplémentaires. Mais tout cela n’est qu’une projection des difficultés supplémentaires à surmonter. Le pire sans doute est de ne pas savoir, de ne pas savoir c’est se sentir en insécurité et nous empêche d’envisager l’avenir. Alors nous tous, parents, enseignants cherchons à rassurer et à sécuriser les enfants, à leur montrer que nous y croyons encore. Maladroitement et sans soutien, nous espérons encore que le Collège puisse rester ouvert et menons des actions. Jeudi matin 2 juin 2016, le portail principal du collège était fermé, maintenu par une chaine à petite maille et un cadenas minuscule. Nous ne savons pas qui a posé le cadenas mais nous avons adhéré au symbole qu’il représentait. Puisque le collège doit fermer, autant le fermer maintenant. Les parents présents et les professionnels du collège avons profité de ce symbole pour alerter les médias afin de nous faire entendre. Notre demande était simple, nous voulions qu’un représentant de la municipalité et du conseil départemental viennent à notre rencontre. Nous avons fait cette demande auprès des forces de l’ordre qui se trouvaient présentent. Malheureusement il nous a été répondu que cela n’était pas possible. Nous apprendrons plus tard qu’ils n’ont pas été avertis de notre demande. Nous sommes restés sur place, accompagnés des élèves qui chantaient avec entrain des refrains improvisés pour défendre leur collège. Et puis tout a basculé. Les policiers que l’on croyait naïvement présents pour assurer notre sécurité se sont mis en mouvement. De façon très énergique ils se sont engagés dans la petite foule d’enfants, de mères de famille et de quelques papas présents. L’image que nous en gardons : c’est Obélix chargeant des légionnaires gringalets et pas préparés au combat. Ceux qui étaient devant se sont retrouvés derrière, et vu la corpulence de certains enfants, ils sont tombés, ont été bousculés par d’autres qui perdaient l’équilibre. Certains ont été empoignés comme des adultes mais quand on enfant ou un jeune ado, cette empoignade est violente. Dans la bousculade, certains ont reçu des coups : de grands bras qui s’abattent sur vous, ça fait peur et ça fait mal. Alors qu’il était contre le portail, l’un des enfants dira avoir subi une béquille de la part d’un policier, une jeune fille alpaguée et projetée en arrière, est tombée et une ranger est venue lui écraser la cheville. D’autres empoignés par les bras et par les mains se plaignent de douleurs aux articulations. D’autres encore se sont assis par terre hébétés, choqués par ce qu’ils vivaient. Vous n’avez pas vu ce qu’ils ont vu. Vous n’avez pas entendu les cris qu’ils ont poussés. Vous ne les croyez pas quand vous minimisez la situation auprès des médias en affirmant qu’elle était sous contrôle et acceptable. Vous les réduisez à une poignée de gamins qui n’ont pas le droit à la parole. Leur compréhension du monde et de la société dépend des adultes et de l’autorité qui les entoure. Que vont-ils comprendre ? Que reste-t-il de cette violence que vous n’admettez pas, que vous considérez acceptable ? Mais peut-être n’avons-nous pas la même définition de la violence ? L’Unicef la définit pourtant ainsi : « La violence est partout. Mais l’on a tendance à fermer les yeux. Elle est invisible. Tous les enfants ont le doit à une vie sans violence. Une violence qui porte préjudice à leur croissance physique et mentale. Une violence qui représente un frein pour toutes les sociétés. Mais la violence à l’encontre des enfants est tout à fait évitable lorsque les individus s’unissent pour dire qu’elle n’est pas acceptable. Lorsqu’ils rendent visible l’invisible.». Aujourd’hui, nous souhaitons que l’invisible violence soit mise à jour. Il est inacceptable que les enfants ne soient pas entendus, que leurs représentations des forces de l’ordre soient uniquement celles de la répression. Les enfants ont un réel besoin de reconnaissance de leur souffrance quelle soit physique ou psychologique. Est-ce normal de craindre les autorités qui sont sensées nous protéger ? Alors, que faire ? Nous pouvons toujours analyser la situation qu’ils ont vécue. Les forces de l’ordre auraient sans doute pu contourner l’entrée principale du collège. A quelques mètres se trouve une autre entrée accessible. Il suffisait aux forces de l’ordre de l’emprunter pour couper une petite maille de la chaine symbolique qui fermait le portail. Le verrouillage du portail à distance était possible. Mais la douzaine de policiers a préféré investir les lieux et assaillir les occupants. Mesdames, messieurs les décideurs, les bien pensant et autres érudits de l’éducation nationale : un peu de bon sens. Excusez vous au minimum de ces exactions auprès des enfants et préférez le dialogue à la violence. Le groupement de parents.