Il faut sauver la Maison de Poésie !

Dominique DAGUET
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/ #41 Sauver la Maison de Poésie à Paris

2011-03-03 11:38

J'éprouve une grande difficulté à comprendre ce qui a poussé la SACD à entreprendre contre la Maison de Poésie l’opération d'expulsion qui m’a toujours scandalisé depuis que j’en connais l’existence, soit depuis plus d’un an et qui vient d’aboutir à une décision de la Justice. Celle-ci répond probablement à l’exactitude des disposition règlementaires sous lesquelles notre société est écrasée mais assurément pas à l’esprit de justice qui devrait tout illuminer d’une sagesse amoureuse.

Ce haut-lieu de la poésie honore les locaux du 11bis de la rue Ballu depuis fort longtemps : elle y travaillait bien avant que n'y fut la SACD, bien avant que la Maison de la Poésie soit créée Passage Molière… Elle détient, selon moi, d’une sorte de « droit d’aînesse » incontestable dont la SACD semble n’avoir aucunement conscience et pas plus la Justice de notre pays. Mais elle ne dispose, ce qui semble la disqualifier aux yeux de ceux qui l’ont condamnée, de moyens pécuniaires fort réduits… tandis que la SACD a, personne n’en doute, tout ce qu'il lui faut. Cependant, elle organise une véritable et utile action dans son domaine sans jamais chercher à empiéter sur le terrain d'autrui. Enfin et peut-être surtout, le patrimoine livresque dont elle a la charge est des plus importants : véritable panorama de la richesse de la création poétique depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours !

N'est pas convenable cette mise à la porte qui ressemble à une mise à mort ! Elle n'eut été acceptable, dans l'esprit de justice qui devrait régner au moins dans un tel domaine, que si la SACD avait purement et simplement relogé cette Maison dans un local approprié et donc correspondant aux facilités de cette vieille institution parisienne telles que celles dont elle dispose encore pour quelques jours rue Ballu. Il revient à tous ceux qui l’apprécient et n’acceptent pas que l’on puisse agir à son encontre pour de singulières raisons de simples commodités immobilières – elles auraient parfaitement pu se régler autrement – en appeler au Ministère de la Culture afin que l'État, qui a laissé faire la SACD, vienne au secours du "bien culturel" inaliénable que représente ce lieu de liberté pour nombre d'écrivains et de poètes. Existe sûrement dans la capitale un Hôtel ancien non encore acheté par un riche nabab oriental ou occidental qui serait un havre, un refuge adapté à cette vieille princesse, irremplaçable bien plus que certaines des innovations contemporaines.

Il est possible, mais non certain, que la poésie soit considérée comme un élément des plus mineurs de notre culture par les « autorités » qui nous gouvernent : ce serait mal saisir à quel point, quoique devenue une résistante de catacombes, elle imprègne en vérité toute la vie culturelle. Là où elle est absente, là règnent la médiocrité et l’insignifiance. C’est pourquoi il m’est impossible, personnellement, quoique non impliqué dans la direction comme dans l’action de la Maison de Poésie, de lui apporter mon soutien, même si celui-ci n’est que d’un poète français mineur, réfugié dans la marge laissés aux « inaudibles ».

Dominique Daguet