Contre l'interdiction totale de voir nos chevaux

Pétition : pour le droit de voir nos chevaux

Propriétaires de chevaux    

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Monsieur le Président,  

Nous avons l’honneur de nous adresser à vous en tant que propriétaires de chevaux. Nous vous prions de considérer notre inquiétude et d’entendre notre demande. Merci par avance de votre aimable considération de nos préoccupations dans un contexte qui vous occupe déjà lourdement. Dans l’allocution présidentielle du 13 avril tant attendue, après un mois de séparation d’avec nos chevaux, nous avons été bien tristes de ne pas entendre un mot pour le monde équestre. Nous avons eu le sentiment que le secteur équestre n’existait pas dans les préoccupations actuelles, que nous savons évidemment nombreuses. Pourtant, l’équitation c’est aussi 560 000 propriétaires de chevaux dont l’écrasante majorité n’ont pas la chance de pouvoir loger leur cheval à la maison comme on le fait avec son chien ou son chat.  

Dans notre pays, le cheval est légalement considéré comme animal de rente. Si nos chevaux sont des animaux de rente, ils sont donc aussi notre propriété, dont nous subissons aujourd'hui la confiscation de fait pour une durée importante et même indéterminée : où sont nos droits de propriétaires? 

Le cheval n’est pas considéré comme un animal domestique au même titre qu’un chien ou un chat. Pourtant, il est impossible de dissocier l’attachement entre un chien et son maître de celui entre un cheval et son cavalier, son maître et ami. S’il est fréquent de considérer, et à juste titre, qu’un chien est un membre de la famille à part entière, il en va de même pour un cheval.

Les liens qui se tissent patiemment entre un cheval et l’humain qui l’a adopté sont fondés sur la confiance et la cohérence. Il faut pour communiquer avec un cheval développer des capacités d’observation et d’écoute, car la communication du cheval est beaucoup plus subtile que celle du chien. Ce lien délicat se construit longuement. Un équilibre fragile qu’il faut entretenir sans cesse. Cette différence conduit souvent à la fausse idée qu’un cheval n’éprouve pas de sentiments. Pourtant même s’il ne manifeste pas son attachement de la même manière qu’un chien le cheval ne s’attache pas moins profondément à son maître. Et vice-versa.

A présent, on veut nous faire croire que les chevaux n’ont pas besoin de nous, du moment qu’ils sont nourris et abreuvés. On veut nous faire admettre que nous ne sommes rien pour nos chevaux. On oublie trop facilement qu’il s’agit de nos animaux. Nous avons la propriété et la responsabilité de ces êtres sensibles envers qui nous nous sommes engagés pour la vie.  

Dans les meilleurs des cas face à cette crise, nos gérants d’écurie s’organisent avec un dévouement exemplaire pour sortir nos chevaux tous les jours. Or, nos gérants d’écurie assument actuellement une surcharge de travail considérable, parfois écrasante. Nous les avons choisis, nous leur avons confiés nos chevaux en toute confiance donc là ne se situe pas le débat. Les contrats de pension prévoient que les gérants s’engagent à nourrir les chevaux et à entretenir les boxes. Mais les soins (pansage régulier, suivi de maréchalerie et vétérinaire notamment) et surtout sortir nos chevaux et assurer leur activité physique quotidienne vitale relève de notre responsabilité. Car un cheval a un besoin vital d’exercice quotidien. L’immobilité et l’enfermement peut s’avérer mortel par voie de conséquences (coliques, troubles du comportement, accidents de box par excès d’énergie, fourbures). Les chevaux ont besoin d'un exercice physique chaque jour, au moins une heure de mouvement.

Or aujourd’hui, nos gérants doivent gérer les sorties et soins de plusieurs dizaines de chevaux chaque jour, le plus souvent seuls ou à deux, en plus du travail déjà conséquent qu’ils fournissent sans faillir tout au long de leurs années sans dimanche. Au nourrissage et nettoyage des box qui leur incombe, s’ajoute souvent la charge de leur exploitation agricole, production de foin, de paille, gestion des installations, entretien des prés et clôtures, des machines agricoles etc. Ce travail titanesque ne saurait être exigé d’eux sur une si longue période. D’autant plus que nous approchons de la saison des foins qu’il faudra aller faucher, ramasser, stocker, un travail épuisant. Inutile de faire des calculs savants pour voir qu'en une journée il tout simplement est impossible à un gérant, aussi dévoué soit-il, d'assurer l'exercice physique indispensable à la survie et au bien-être de plusieurs dizaines de chevaux, dont des chevaux de sport, tout seul, ou à deux.

Nous prenons bien évidemment la mesure du risque de contamination et des conséquences dramatiques sur nos chevaux si par malheur nos gérants devaient être contaminés. Aussi, de même que les gestes barrières et mesures d’hygiène sont de rigueur partout, on saisit mal en quoi il serait moins risqué pour les ouvriers de travailler sur les chantiers, moins risqué et plus essentiel d’entrer dans un bureau de tabac pour se faire délivrer un paquet de cigarette, d’aller au magasin de bricolage, au guichet de la banque, que d’aller ponctuellement rendre visite à notre animal dans une écurie. Les écuries sont des lieux vastes et aérés, les distances de sécurité sont aisées à respecter. Et nous emmenons nos chevaux dehors, au grand air, pas dans des espaces confinés comme les bureaux de tabac, par exemple, où les gens ont toujours le droit de se rendre.

Comment considérer et admettre comme logique que d'une part nous soyons passibles de mise en danger de la vie d'autrui en se rendant à l'écurie pour sortir notre cheval, alors que d'autre part, dans le même temps, on autorise les cavaliers professionnels à se rendre aux écuries qui logent leurs chevaux: n'est-ce pas faire deux poids et deux mesures ? Le risque de contagion n'est-il pas le même ? Notre capacité à nous organiser n'est-elle pas la même ? Sur le plan sanitaire les circonstances sont pourtant les mêmes. Le risque est le même. Il est largement moins important que dans un supermarché, ou dans les écoles qu'on prévoit de rouvrir dès le 11 mai.

La première chose que l’on enseigne à un cavalier, ce sont les règles de sécurité. Ne croyez-vous pas que face à des êtres d’une demie-tonne et plus, capables de tuer d’un coup de sabots ou de reins, professionnels ou non, nous serions déjà morts si nous ne savions pas observer et respecter des règles de sécurité ?  

Attachés à nos chevaux comme on peut l’être à son chien et plus encore car souvent le cheval est pour nous notre meilleur ami, notre essentiel, une notion souvent bien difficile à saisir pour qui n’a pas vécu une amitié avec un cheval j’en conviens aisément, ne croyez-vous pas, soucieux que nous sommes de nos chevaux, que nous mettrions tout en œuvre pour ne pas risquer de contaminer les personnes si précieuses qui en ont la garde ?  

Nous sommes capables de nous organiser pour réaliser un planning de passage individuel qui sera respecté scrupuleusement, conscients des risques, de leurs conséquences. Nous sommes capables de nous laver les mains, de passer javel ou lingette désinfectante sur les poignées des box et de l’écurie pour ne laisser aucune trace de notre passage. Capables de toiletter nos chevaux à l’extérieur. Capables de respecter des horaires de passage et de n’avoir aucun contact avec les gérants. Prêts à la plus grande discipline pour simplement aller voir notre cheval et lui montrer qu’il n’a pas été abandonné. Que nous puissions ponctuellement sortir nous-mêmes nos chevaux comme il se doit soulagerait d’autant les gérants de la fatigue accumulée par cette surcharge de travail inédite, afin qu’elle ne se mue pas en épuisement. Avez-vous pensé aux conséquences éventuelles de leur épuisement ?  

Vous savez bien car suffisamment de travaux dans le champ de la sociologie l’ont largement démontré, que l’homme ne se soumet que très mal à une règle qu’il considère injuste et que l’obéissance par crainte de la sanction à une règle vécue comme injuste ou violente fait inévitablement l’objet d’infractions. J’observe actuellement que lassés de cette séparation forcée qui génère tant d’inquiétudes dans des esprits déjà éprouvés par cette crise mondiale, de plus en plus de propriétaires envisagent d’enfreindre la règle pour visiter leur animal, se disant prêts à en payer le prix, tant cette séparation forcée est vécue par le plus grand nombre comme une injustice, une violence morale et une maltraitance qu’on leur inflige. Or, si de telles infractions se produisent, vous admettrez qu’elles risquent de l’être dans des conditions inadéquates aux conséquences regrettables que personne ne souhaite.  

Nous vous prions de croire qu’avec la mise en place d’autorisations et de règles clairement définies, les propriétaires seraient trop heureux de les respecter à la lettre, pour pouvoir enfin revoir leur animal. Cet animal qui est souvent, pour beaucoup, bien plus qu’un animal de compagnie ; qui est souvent cet ami qui les porte quand ils ne se portent plus. Or l’interdiction de voir le seul être qui leur apporte joie, sérénité et courage peut, dans ce contexte déjà très anxiogène, révéler ou aggraver des dépressions. Avons-nous besoin de cela en ce moment ? N’avons-nous pas plutôt besoin d’être forts et sereins pour mieux faire face à cette crise, et s’en sortir tous ensemble ?  

Car il faut prendre conscience d’une réalité à ce stade. Il est impensable d’exiger de nous de nous résoudre ainsi à être séparés de force de nos animaux sur une période aussi longue. Car en tant que maîtres, cette interdiction de visite nous prive de nos droits de propriétaires. Nous avons accepté un mois de séparation en ravalant notre chagrin et nos inquiétudes mais c’était déjà énorme, pour un cheval habitué à nous voir tous les jours souvent deux fois. Deux mois d’absence, c’est de l’abandon. Au-delà c’est de la cruauté tant pour eux que pour nous. Or le virus, ainsi que vous l’avez précisé, ne va pas disparaître avant de longs mois et le vaccin est attendu pour l’an prochain. Vous comprenez certainement notre refus d’abandonner nos chevaux.  

Car l’animal enfin, n’est pas un ventre sur pattes. C’est un être sensible. Il est connu que les chevaux sont capables de tics et d’apathie ce qui démontre qu’ils peuvent développer des dépressions. Il en découle logiquement qu’ils ont des sentiments et une conscience, même s’ils ne l’expriment pas comme les humains ou les chiens. C’est pourquoi je vous écris aujourd’hui, en vous suppliant d’entendre mon appel, car la voix des chevaux est bien trop discrète et subtile pour être entendue de tous. Pourtant les chevaux ne sont pas muets, quiconque connaissant les chevaux le sait bien. De même, nous savons que les chevaux sont capables d’aimer et de souffrir moralement. Ainsi que l’a affirmé Ghandi avant moi, « On reconnaît le degré de civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux ». Pour quelle société voulez-vous œuvrer ? Dans quelle société voulez-vous vivre ?  

Dans l’espoir d'une réponse de votre part que nous espérons bienveillante et constructive, et surtout d’une solution plus juste et adaptée, que nous voulons croire que vous saurez trouver, soucieux que vous êtes de ne pas alourdir encore le poids de cette crise qui nous frappe tous, dnas votre volonté annoncée de nous réinventer, nous vous remercions de votre aimable lecture, de votre compassion, et vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre plus haute considération ainsi que mos salutations les plus distinguées et respectueuses.

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